Essuyant un deuxième revers en Cour supérieure, les chauffeurs se rendront mercredi manifester à Québec contre le projet-pilote d’Uber.
«On est dégoutés et écoeurés par le système, a déclaré en colère Benoit Jugand, porte-parole du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM). Le gouvernement va nous avoir dans la face jusqu’à temps qu’il nous donne raison. La loi est en vigueur et il n’y a pas de projet pilote.»
La manifestation serait «un avertissement», selon le Front commun, se fiant sur des rumeurs comme quoi le gouvernement déposerait un arrêté ministériel mercredi autorisant Uber à lancer le projet-pilote.
Un ralentissement du trafic à la vitesse minimale jusqu’à Québec ne serait pas dans les plans pour les chauffeurs de taxi de Montréal, qui partent des Galeries d’Anjou, à 7 h 30.
Pas d’urgence
Là où le point achoppe, c’est que le juge Michel Yergeau n’a pas été convaincu de l’urgence de la demande, un critère essentiel pour émettre une injonction. Cela survient après que la cour ait refusé une première fois la requête du Front commun pour faire annuler l’entente de principe entre Uber et le gouvernement, car elle n’est pas actuellement en vigueur.
«La situation que les (chauffeurs de taxi) dénoncent leur est connue depuis plus de deux ans», a expliqué le juge, tout en ajoutant que ceux qui militent contre Uber le font de façon «publique et structurée».
Guy Chevrette, porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi, ne comprend pas pourquoi le juge Yergeau n’a pas été convaincu de l’urgence de la demande. «Ils nous disent de ne pas avoir été assez vites, mais il fallait bien attendre de savoir s’il y avait ou non préjudices, a-t-il ajouté. C’est une magouille et on est complètement piégés.»
Sensible
Mais malgré ce rejet, le juge Yergeau reste néanmoins sensible à la situation des chauffeurs de taxi qui se plaignent de l’arrivée d’Uber.
«Nul doute pour le tribunal que la situation qu’ils décrivent est difficile et qu’ils vivent un stress financier qui a un impact sur leur vie personnelle et familiale», a écrit le juge.
Une question politique
Kamal Sabbah, du Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal, en vient à la conclusion qu’il faut délaisser le système juridique dans cette affaire. «C’est maintenant le politique qui doit agir.»
Le Front commun compte continuer la bataille le 5 octobre, avec une mobilisation nationale, à Montréal, mais on ne connaît pas le lieu exact.
Par ailleurs, le fond de la question sera entendu de façon exhaustive au début de 2017. Un juge devra alors déterminer si Uber est bien la cause «unique ou principale» des déboires des chauffeurs de taxi, écrit le juge.