Une subvention de 2,5 millions $ a été accordée à une professeure de l’UQAM pour une recherche d’envergure mondiale, afin d’améliorer les connaissances sur les problèmes touchant les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et queers (LGBTQ) du Québec.
«C’est la première recherche de cette envergure à l’échelle mondiale, si on tient compte de l’ensemble des méthodologies, du volet d’analyse des politiques publiques et de l’ampleur du projet, comme viser 5000 répondants au Québec», soutient Line Chamberland, professeure au Département de sexologie, qui a reçu l’argent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, parmi 16 autres subventions de la même envergure pour des universités à travers le pays.
Le projet SAVoirs sur l’inclusion et l’exclusion des personnes LGBTQ rassemblera sur sept ans une cinquantaine de chercheurs issus des milieux universitaires et de la pratique ainsi que 48 organismes, soit des ministères, groupes communautaires et syndicaux de partout au Québec, mais aussi de la France, de la Belgique, de la Suisse et des États-Unis.
«En médecine et en sciences pures, il y a des subventions qui dépassent ces montants-là, mais en sciences humaines, provenant d’un programme de recherche du gouvernement, c’est une des plus grosses», renchérit Joseph Yvon Thériault, vice-doyen à la recherche de la faculté de sciences humaines de l’UQAM.
«Surtout sur les enjeux reliés aux discriminations des minorités sexuelles, il y a peu de subventions de cette ampleur qui sont données, et je dirais même, à travers le monde», ajoute-t-il.
Retombées sociales
La recherche vise à améliorer les connaissances sur les problèmes reliés à l’homophobie et la transphobie, dans le but d’adopter de meilleures politiques sociales. Elle documentera, entre autres, les formes d’inclusion et d’exclusion sociales des personnes LGBTQ dans les domaines du travail, de la famille et d’autres réseaux, sans oublier les difficultés des personnes issues de communautés culturelles.
«On veut que les gens comprennent mieux les difficultés rencontrées par les personnes LGBTQ, indique Line Chamberland. Au Québec, il y a beaucoup d’avancement et d’acceptation, mais plus les gens entendent parler d’eux et de difficultés spécifiques, plus ils peuvent faire attention pour que l’ouverture se concrétise.»
Cette recherche permettra de donner des indications plus précises aux écoles, hôpitaux et autres organisations publiques, pour qu’on tienne davantage compte des réalités des personnes LGBTQ et que soient transformées les façons de faire.
«Par exemple, c'est faire comprendre aux institutions quelles difficultés ça fait pour une personne qui se présente à l’hôpital, qui a une carte d’assurance-maladie sur laquelle il est inscrit «Jacques», alors que la présentation qu’elle a est celle d’une Jacqueline», évoque la professeure.