Les automobilistes devront s'armer de patience. D'autres moyens de pression de la part des taxis sont à prévoir si leurs représentants n'obtiennent pas une rencontre avec le premier ministre du Québec.
Cette mise en garde du Front commun des taxis a été lancée en marge d'une manifestation qui a paralysé une partie du centre-ville de Montréal mercredi.
«Tout est sur la table : les moyens de pression vont continuer, différentes actions sont déjà dans le carnet du Front commun, mais ce qu’on vise avant tout, c’est la rencontre avec Philippe Couillard», a rappelé l’un des porte-paroles du Front commun, Benoit Jugand.
Le Front commun s'oppose au projet pilote qui permettra à l'entreprise Uber de faire du transport de personnes en toute légalité et propose au gouvernement de racheter tous les permis de taxis à la valeur qu'ils avaient en 2014. Le projet doit entrer en vigueur le 14 octobre prochain.
Mardi, une rencontre entre le ministre des Transports, Laurent Lessard et des représentants du Front commun a été vaine, a aussi rappelé M. Jugand. «Il nous a dit qu’il n’avait pas de mandat de négociation avec l’industrie du taxi, a ajouté ce dernier. Pour nous ça signifie que quelqu’un le retient. Et ça ne peut être nul autre que le premier ministre.»
«Ce sont des travailleurs autonomes. Ils perdent du travail en privant le service, mais ils ont droit de s'exprimer par rapport à ça», a commenté pour sa part le ministre Lessard à propos de la journée de grève.
Convoi de 21 km/h
Près de 2500 chauffeurs ont participé à la journée de grève, selon les estimations du Front. «Dans toute l’histoire du taxi ici, c’est la première fois qu’un tel mouvement de solidarité arrive», a assuré M. Jugand.
Un convoi a ralenti la circulation dans le centre-ville de Montréal avant de se retrouver au square Dorchester. Les taxis ont roulé sur 21 km à une vitesse de 10 km/h empruntant les autoroutes Métropoliaine, Décarie et Ville- Marie.
La tension est montée entre les policiers et les manifestants en début d’après-midi. Le SPVM a confirmé au 24 Heures avoir procédé à certaines interventions «pour assurer la fluidité de la circulation» sur la rue Peel, entre les boulevards De Maisonneuve et René-Lévesque. Il n’y a eu aucune arrestation, mais 16 constats d’infraction ont été donnés en vertu du Code de la sécurité routière.
Projet pilote Uber
Un plafond de 50 000 heures de transport par semaine est prévu, ce qui constitue environ 300 permis de taxi. Une redevance par course sera versée à l’État et les chauffeurs devront collecter la TPS et la TVQ. Notons également qu’Uber devra obtenir un permis d’intermédiaire en service de transport par taxi. Ses partenaires-chauffeurs devront détenir un permis de conduire de classe 4C et les assurances nécessaires pour ce type de transport rémunéré.