Malgré les mesures de sécurité omniprésentes dans plusieurs résidences universitaires au Québec, les déjouer demeurent un jeu d'enfant dans la plupart des campus, ont constaté les équipes de TVA Nouvelles dans les différentes régions.
À Montréal, quatre résidences ont été visitées par la journaliste et son caméraman. À l'aide de caméras cachées, ils ont pu filmer leurs allées et venues sur les différents étages, sans même se faire interpeller.
Lors du premier arrêt aux résidences de l'Université McGill, notre journaliste a pu compter deux agents de sécurité à l'entrée et une barrière qui protège les accès aux ascenseurs. Mais au lieu de les arrêter, ils les ont tout bonnement laissé continuer leur chemin vers le sous-sol d’où l’accès aux ascenseurs et aux étages supérieurs est facile.
Malgré des caméras de surveillances partout et des lecteurs de cartes magnétiques aux portes de chaque chambre, les «intrus» ont pu se promener pendant une bonne demi-heure, sans jamais se faire interpeller.
Deuxième arrêt à l’Université de Montréal. Là encore, les portes d'entrée sont protégées par un système de sécurité.
Mais il a suffi à notre journaliste et son caméraman de profiter de la sortie d'un groupe d'étudiants pour entrer par la porte de côté.
Encore une fois ils ont pu se promener de longues minutes, sans se faire apostropher par personne, ni par les étudiants croisés, ni par un membre du personnel.
Le même scénario s'est répété à la résidence de l'UQAM, sur René-Lévesque, coin Sanguinet.
La responsable de la sécurité au bout du fil n'a pas laissé entrer la journaliste et son caméraman, mais des étudiants leur ont gentiment ouvert la porte leur permettant ainsi de visiter les lieux sans n’avoir de comptes à rendre à personne.
Seul endroit où il nous a été impossible d'entrer: aux résidences de l'Université Concordia. Il y a un système de lecteur de cartes magnétiques qui protège l'entrée et un agent de sécurité est en poste 24 heures sur 24.
Université Laval
À Québec, même si les mesures de sécurité ont été renforcées depuis le 15 octobre dernier, il a été très facile pour l'équipe de TVA Nouvelles d'entrer dans les résidences de l'Université Laval.
Depuis vendredi, tous les accès aux résidences sont verrouillés et un agent de sécurité est à la porte du pavillon Alphonse-Marie-Parent.
Mais même avec ces nouvelles mesures, la journaliste a pu se promener comme elle le voulait. Ce sont des étudiants qui lui ont tout simplement ouvert la porte.
Questionnées par la suite, certaines résidentes ont avoué lui avoir fait confiance, puisqu'elle était une femme. Elles soutiennent qu'elles auraient agi différemment si un homme s'était présenté à l'entrée.
L'exercice a donc été répété avec un homme. Il a pu entrer dans un pavillon et, sans difficulté, se rendre près des chambres du pavillon Alphonse-Marie-Parent.
Au total, 10 minutes se sont écoulées avant que deux agents de sécurité les interceptent et les escortent jusqu'à la sortie.
Étudiantes confiantes en Estrie
Une équipe de TVA Nouvelles a aussi fait le des résidences de l'Université de Sherbrooke, de l'Université Bishop de Lennoxville, et du Cégep de Sherbrooke.
À l'aide de caméra cachée, la journaliste s'est fait passer pour une étudiante et a pu pénétrer sans trop de difficulté dans les trois résidences, même si la sécurité avait été resserrée.
C'est surtout avec l'aide des étudiantes qu'elle a pu se promener sans problème sur les étages, puisque les portes pour accéder aux bâtiments étaient bel et bien barrées. La journaliste a même pu jouer une partie de billards avec des étudiants.
L’agent de sécurité n’agit pas au Saguenay
Même chose à Saguenay où l'équipe de TVA Nouvelles s'est introduite sans aucune dans les résidences des cégeps de Chicoutimi et de Jonquière vendredi soir dernier, encore une fois avec l'aide d'étudiants.
Un agent de sécurité qui se trouvait à proximité dans son local vitré n'est pas intervenu.
L'équipe de TVA Nouvelles s'est baladée pendant plus d'une demi-heure sur les 13 étages du pavillon sans jamais être interpellée.
Elle a aussi profité de ses visites pour sonder les portes des chambres des résidences. La majorité d'entre elles étaient fermées à clé.
Sécurité optimale à l’UQTR
À Trois-Rivières, notre équipe n'a pas réussi à pénétrer à l'intérieur du bâtiment. Il lui a aussi été difficile de flâner sur les terrains. Un agent de sécurité l'a interpellée en moins de 10 minutes.
Les résidants ont affirmé se sentir en sécurité.
Réaction des directions
Plusieurs directions d'établissements se sont dites préoccupées par la situation que nos équipes ont mise au jour dans les différentes régions.
À l'Université McGill, on affirme que la sécurité est très importante puisque l'établissement est situé au centre-ville et qu'il y a beaucoup d'étudiants.
«On va regarder ce que vous nous avez mis sur le tapis, on va s'en occuper et on va le régler. On ne pas se permettre d'avoir des failles dans notre système de sécurité», a fait savoir Ollivier Dyens, premier vice-recteur exécutif adjoint.
L'UQAM a convenu que la situation révélée, «où des résidents sortent alors que d'autres personnes en profitent pour entrer entre 23h et 8h», est préoccupante.
«Nous en prenons acte et nous allons rappeler les consignes de sécurité à nos résidents», a écrit la direction, qui a promis de «réexaminer les mesures de sécurité de ses résidences. Plusieurs scénarios sont envisagés et rien n'est écarté à ce stade-ci.»
À l'Université de Montréal, cet exercice est une occasion pour la direction de rappeler aux résidents de respecter la règle de sécurité de base, celle de ne pas laisser entrer quiconque qui n'est pas muni de sa carte d'accès.
«Nous allons travailler à resserrer les choses, à sensibiliser encore plus les étudiants», a-t-on affirmé par courriel.
Par ailleurs, la direction du cégep de Jonquière a été étonnée de constater qu'une personne ait réussi à déjouer aussi facilement la sécurité.
«On se demande ce qui s'est passé puisque toute personne qui entre dans le pavillon a normalement l'obligation de s'identifier», indique la responsable aux communications de l'établissement, France Tremblay.
«L'intervention de TVA va nous permettre de revoir nos processus de sécurité et je peux vous assurer que ça n'arrivera plus.»
«Le niveau de sécurité est élevé, mais on ne peut pas tout contrôler», affirme pour sa part le directeur des communications Éric Émond.
«Les étudiants sont conscients des risques, mais il fait croire que dans ce cas-ci, ils n'ont pas jugé qu'ils étaient très élevés.»
M. Émond admet qu'il y a toujours place à l'amélioration.
Voyez les résultats détaillés de notre expérience
-À Québec: les nouvelles mesures de sécurité efficaces à l’Université Laval?
-À Sherbrooke: une véritable passoire
-À Trois-Rivières: les étudiantes se sentent en sécurité sur le campus
-À Saguenay: facile de rentrer dans les résidences étudiantes des cégeps
-À Rimouski: la sécurité est omniprésente