Pendant que des voix s'élèvent pour réclamer le retour des cours d'éducation sexuelle à l'école, un groupe de sexologues de Rimouski tente de combler le besoin en offrant des formations en ligne sur la sexualité.
Leur démarche est une manière de prévenir la banalisation des agressions sexuelles. Le but est aussi de permettre à ces jeunes de devenir des adultes responsables.
Le groupe explique que les cas de violence sexuelle augmentent depuis la fin du cours de formation personnelle et sociale et l'arrivée d’importants contenus sexuels sur internet.
«Un contenu où on malmène la sexualité», explique Marie-Christine Pinel, sexologue et fondatrice d'Unisexéducation.
À Rimouski, des sexologues ont lancé une plateforme web qui offre des formations destinées aux intervenants des services de la petite enfance, aux parents, ainsi qu'aux enseignants des niveaux préscolaire et primaire.
«Nous, quand on était jeune, nous étions innocents. Jusqu'à ce qu'on découvre tranquillement avec quelqu'un. Mais maintenant, ils sont innocents, et ils sont choqués. Alors ça crée des fractures dans eux, ça les perturbe. Et après ça crée des adultes qui ont des sexualités souffrantes» raconte Mme. Pinel.
Le but est de connaître son rôle et ses responsabilités comme intervenant et de savoir comment intervenir dans des situations à connotation sexuelle.
«Les adultes ne savent pas trop comment faire. Est-ce que je dois, au nom de l'authenticité, aller jusqu'au bout de la réponse à donner à l'enfant? Jusqu'où je vais? Comment j'interviens? Le savoir-faire, il n'est pas là pour bien des gens, alors nous on veut les accompagner», dit Mme Pinel.
Dans une quinzaine d'écoles du Québec, le gouvernement a instauré un projet-pilote qui prévoit des apprentissages de 5 à 15 heures par année, pour éventuellement ramener les cours d'éducation sexuelle dans les écoles. Une formule jugée insuffisante par les enseignants.
«Comment on peut intégrer tout cela dans le curriculum et l'espace qu'on a. Il n'y a pas de réponse», déplore Martine M. Cliche, du Syndicat de l'enseignement de la région de la Mitis.
«Ouvrir sur des valeurs qui sont plus humaines, pour offrir des repères aux jeunes, c'est une manière de former des adultes qui vont être à la fois libres et responsables. Libres d'être qui ils sont dans leur sexualité. Et responsable pour se faire respecter, et respecter l'autre aussi», ajoute la sexologue.
Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé mardi qu'il était favorable au retour des cours d'éducation sexuelle dans toutes les écoles du Québec. Reste à voir à quel moment et de quelle façon la formation sera donnée aux élèves.