Chaque jour, chaque heure, pratiquement chaque minute, quand vous êtes un entrepreneur, vous avez à prendre des décisions.
Trancher n’est pas facile. On doit évaluer le problème, écouter son entourage et, surtout, sa petite voix intérieure, puis prendre une décision au meilleur de sa connaissance. Car un mauvais choix pourrait faire reculer le projet d’affaires pour lequel vous vous battez avec acharnement depuis des mois.
Prenez Guillaume Campeau, qui a fondé Give-a-Seat.ca avec son pote étudiant à HEC Montréal, Théo Corboliou. Il apprend actuellement le métier d’entrepreneur avec une énergie sans cesse renouvelée. «Tous les jours, on se demande sur quoi mettre notre énergie pour être plus efficaces, admet-il. On lutte constamment pour ne pas perdre un temps précieux sur les mauvais dossiers. C’est notre première entreprise: nous n’avons pas d’expérience passée dans le monde des affaires. Chaque jour qui passe, c’est du nouveau pour nous.»

Campeau et Corboliou ont peaufiné leur concept à l’été 2015 alors qu’ils assistaient à des événements sportifs. «Dans un championnat de tennis, on a réalisé qu’il y avait beaucoup de sièges vides. Pas juste des invendus: de nombreux sièges étaient détenus par des commanditaires qui n’avaient pu les écouler. Or, des sièges vides, c’est pas très vendeur à la télé... On s’est dit qu’il y avait une opportunité d’affaires autour de ces places gaspillées.»
Rapidement, le duo en arrive à un concept où ils récupèrent, auprès des promoteurs d’événements, leurs billets invendus pour les écouler au rabais et remettre la plus grande partie des profits à des organismes de charité. Mieux: ils demandent au promoteur de l’événement de désigner l’organisme bénéficiaire. L’acheteur du billet, lui, bénéficie d’un rabais tout en participant à une bonne cause.
«On démocratise ainsi les événements culturels et sportifs tout en créant une nouvelle source de revenus pour les OSBL», reprend M. Campeau.
Dès leurs études
Les deux entrepreneurs en devenir développent leur modèle d’affaires durant leur dernière année au baccalauréat, alors qu’ils sont inscrits à la spécialisation en entrepreneuriat. Ils effectuent d’ailleurs le Parcours entrepreneurial Rémi Marcoux, un programme de formation pratique en entrepreneuriat livré par HEC Montréal, qui permet aux étudiants de mousser leurs compétences et de se développer un réseau de contacts. Ce programme de préaccélération en entrepreneuriat leur permet de faire leurs premiers pas dans le merveilleux monde des affaires: «Nous avons rencontré plusieurs entrepreneurs connus, dont Robert Dutton, l’ancien président de Rona, qui fut le parrain de notre cohorte. Aujourd’hui, il siège sur le conseil consultatif de Give-a-Seat, tout comme l’entrepreneur et conférencier Jean-François Ouellet.»
Depuis septembre, les jeunes entrepreneurs travaillent à plein temps pour leur entreprise. Ils ont déjà quelques faits d’armes à leur actif. Ils ont convaincu des organisations comme Juste pour Rire et La Ronde de leur confier leurs invendus, tout comme le centre de ski La Réserve de Saint-Donat. Ils ont remporté le concours Mouvement de l’organisme Novae et installé leur entreprise dans le très branché incubateur de la Maison Notman.
«En quelques mois, nous avons généré pour plus de 7000 $ en dons pour divers organismes, dont Moisson Montréal et la Fondation Martin Matte. Il nous faut maintenant aller beaucoup plus loin, explique Guillaume Campeau. On doit convaincre de nouveaux promoteurs de faire confiance en notre formule, pour que de plus en plus de gens la connaissent. C’est un peu l’oeuf ou la poule.»
Le jeune entrepreneur révèle qu’il a dû rapidement développer ses aptitudes en communication: «C’est important, car nous devons sans cesse répéter notre message, convaincre, vendre notre modèle. On y croit beaucoup. Aujourd’hui, nous en sommes à l’étape de passer de la phase test à quelque chose qui va durer dans le temps.»
Être entrepreneur
Guillaume Campeau se réjouit de son statut d’entrepreneur: «Je me lève chaque matin en souriant. Je ne me vois pas travailler dans une structure hyper organisée. Je travaille pour moi-même. Pour réaliser mon rêve. Et quand Théo et moi, on fait une gaffe, on s’assume. On a rapidement réalisé que l’important, c’était de bien s’entourer et de mettre nos énergies sur des aspects de l’entreprise qui rapportaient gros.»
Ainsi, en quelques mois, ils ont mis sur pied un concept technologique qui fonctionne pleinement. M. Campeau explique que trop de jeunes entrepreneurs mettent le paquet sur l’infrastructure techno et négligent de la tester adéquatement ou, pire, ne mettent pas assez l’accent sur les ventes. «Nous, on a fait le contraire. Notre technologie est simple et efficace. Son développement n’a pratiquement rien coûté. On se concentre désormais sur le reste», dit-il.
«On se donne deux ans pour essaimer dans toutes les grandes villes d’Amérique du Nord. Car la problématique des billets invendus affecte tous les promoteurs d’événements, où qu’ils soient», conclut Guillaume Campeau.