En Somalie, au Rwanda et en Afghanistan, les autorités ont administré pendant des mois la méfloquine aux soldats. Le médicament contre la malaria a des effets ravageurs, selon certains d'entre eux, qui vont des hallucinations à la dépression.
Pour un pharmacien que nous avons consulté, il est clair que la méfloquine peut, dans certains cas, entraîner des problèmes importants.
«À peu près 1 % des gens vont avoir des effets secondaires», admet Jean-Yves Dionne.
«Il y a des sensations de dépression, peut-être même autre chose. Quand on va dans les cas les plus rares, on parle de dépression, de psychose et autre. Mais ce n’est pas le genre de choses qu'on va dire d'emblée à quelqu'un, parce que si c'est très rare, on ne veut pas faire peur à notre client», explique-t-il.
Ce n'est qu'au mois d'août que Santé Canada a reconnu les effets secondaires de la méfloquine. Le médicament est d’ailleurs toujours administré aux membres des forces canadiennes.
«Moins de 5 % de nos militaires utilisent la méfloquine et nos membres sont informés sur les médicaments», estime le ministre de la Défense du Canada Harjit Sajjan.
«Le comité des anciens combattants est en train de faire une étude sur le sujet, de voir ce que Santé Canada savait ou aurait dû savoir et ce qui aurait dû être fait», mentionne pour sa part la députée néodémocrate de Laurier-Ste-Marie, Hélène Laverdière.
Pour cette dernière, il faut savoir si les effets du médicament n'ont pas été camouflés.
«On sait qu'il y a possiblement des effets très importants. Je sais par expérience, pour en avoir pris pendant 4 ou 5 jours, que c’est un truc un peu trop fort.»
En attendant, les anciens combattants souhaitent avoir accès à des traitements appropriés.
«Le méfloquine ne devrait même pas être une option, croit l’ancien combattant Claude Lalancette. Une dose peut affecter quelqu'un. Pourquoi prendre cette chance? Il faut que quelqu'un se lève, parce qu’on est en train de mourir.»