Une première facture budgétaire de 59 milliards de livres présentée mercredi pour le Brexit était vivement contestée par les partisans de la sortie de l'Union européenne, et le ministre des Finances prenait lui-même ses distances avec cette estimation jeudi.
«C'est encore le scénario de la catastrophe totale» publié par une organisation «qui n'a rien compris» depuis le début, a dénoncé l'ancien ministre conservateur, Iain Duncan Smith, un des leaders eurosceptiques, dans le Daily Telegraph.
Mercredi, l'Office de responsabilité budgétaire (OBR), chargé de publier des prévisions de croissance, de recettes fiscales et d'endettement du gouvernement, a annoncé que le Brexit contraindrait les pouvoirs publics à emprunter 59 milliards de livres supplémentaires en cinq ans (69 milliards d'euros).
Il a ajouté que Londres allait au total devoir recourir à 122 milliards de livres d'emprunt supplémentaire (143 milliards d'euros) d'ici à 2021 par rapport à sa précédente prévision de mars, en comptant l'effort financier de Londres pour doper l'investissement et soutenir le pouvoir d'achat des ménages.
Un autre député conservateur pro-Brexit, Jacob Rees-Mogg, a tout simplement rangé l'OBR au rang des «experts, devins et astrologues» aux intentions charlatanesques.
L'office est un institut public, mais indépendant du gouvernement, dont le rôle consiste à fournir des données fiables dépourvues d'intentions politiques. Ses prévisions sont censées faire autorité, car elles ne sont pas concoctées par le pouvoir chargé de préparer et de présenter le budget.
Mais le ministre des Finances lui-même, Philip Hammond, a semblé prendre quelques distances jeudi avec ces chiffres publiés au moment de sa déclaration budgétaire d'automne au Parlement.
«La prévision économique n'est pas une science exacte et l'OBR souligne lui-même clairement dans son rapport qu'il y a un fort degré d'incertitude en raison des circonstances», a expliqué M. Hammond jeudi matin sur la BBC Radio 4.
À la question de savoir s'il contestait les chiffres de l'office, il a répondu: «nous devons l'étudier comme l'une des multiples possibilités à laquelle nous devons nous préparer».
L'OBR a jugé que la croissance du pays n'atteindrait que 1,4% en 2017, soit bien moins que les 2,2% prévus en mars.
L'institut a mis en avant «l'incertitude» générée par le Brexit pour les entreprises qui va nuire aux investissements, une stagnation du pouvoir d'achat entraînée par une hausse de l'inflation et une moins bonne tenue du commerce extérieur pendant dix ans du fait de la sortie de l'UE.