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Chaque année, près de 4 millions de Canadiens souffrent d’une maladie d’origine alimentaire. Les fruits et légumes sont responsables de la moitié d’entre elles. Quels sont les risques? Et surtout, qui sont les coupables?
L’émission «J.E.» a mandaté les Laboratoires Environex pour analyser les bactéries à la surface d’une vingtaine de fruits et légumes, cultivés au Canada, en Asie et en Amérique latine.
«Nous avons calculé le nombre de bactéries totales. Nous avons aussi vérifié la présence de pathogènes: l’E. coli, les coliformes, la listeria, le clostridium, la salmonelle, les levures et les moisissures», explique le microbiologiste Marc Hamilton.
Des bactéries plus dangereuses
Au total, 26 millions de bactéries ont été détectées par gramme d’épinard. Parmi celles-ci, les moisissures dépassent de 5300% les lignes directrices du Ministère de l'Agriculture des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ).
Les risques sont bien réels, car de fortes concentrations de moisissures stimulent la production de certaines toxines. Elles peuvent provoquer de sévères intoxications, qui se traduisent par des maux de tête, des vomissements et de la diarrhée.

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Une autre découverte inquiétante à la surface d’un pomelo, un petit pamplemousse importé de Chine. Les analyses démontrent qu’il est contaminé par une bactérie potentiellement mortelle: la salmonelle.
«La salmonelle va vivre sur sa peau, et lorsque le couteau va trancher le pomélo, le fruit, ou le melon d’eau, va amener la salmonelle en surface dans la chair du fruit», explique Marc Hamilton.
«Ici, les conditions de culture et le transport sont peut-être à blâmer, souligne-t-il. Il est anormal de trouver une telle bactérie. La bonne nouvelle, c’est qu’un simple lavage à l’eau tiède a permis d’éliminer la toxine».
Chaque année au Canada, plus de 90 000 cas de salmonellose sont répertoriés. Dans plus de la moitié des cas, ce n’est pas le poulet le responsable, mais bien des fruits et légumes.
Les analyses démontrent aussi que les produits canadiens et américains que nous avons achetés ne présentent aucun contaminant dangereux, contrairement à certains d’Amérique du Sud et d’Asie.
Des risques méconnus
«Quand un patient vient me voir, et se plaint de symptômes intestinaux, il va souvent me dire qu’il n’a pas mangé de viande crue, de tartare ou de sushis», raconte Dre Natalia Vo, omnipraticienne.
Cette professionnelle de la santé évoque la méconnaissance des risques liés à la salubrité alimentaire. «Les gens ne se doutent pas que des bactéries dangereuses peuvent se ramasser dans une simple laitue», déplore-t-elle.

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L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ne réalise que 3000 inspections par année sur la salubrité des aliments. Elle ne compte qu’un seul spécialiste permanent pour surveiller le marché asiatique. Ces efforts sont insuffisants estiment plusieurs spécialistes.
«Avec l’augmentation du commerce international, à mon avis, il va falloir poser encore plus de questions et même gérer les risques sur place, soutient Sylvain Charlebois, spécialiste en sécurité alimentaire. On tente actuellement d’améliorer la situation, mais ça va prendre quand même plusieurs années.»
«On ne sait pas ce qu’on consomme, donc mieux vaut prévenir que guérir. De passer les aliments sous l’eau ou de les nettoyer en surface peut enlever énormément, plus de 90%, des bactéries. C’est ce que les tests nous ont prouvé», conclut Marc Hamilton.