Amazon Web Services (AWS) a désormais pignon sur rue en sol canadien, plus précisément à Montréal, où il vient d’ouvrir son centre de données infonuagiques. Il desservira tout le centre du pays, et devient le cinquième centre de données en Amérique du Nord.
L’endroit où il se trouve à Montréal est gardé secret, «pour des raisons de sécurité», dit Teresa Carlson, vice-présidente des services web mondiaux d’Amazon, qui était de passage à Montréal aujourd’hui pour l’occasion.
Amazon Web Services, l’un des plus importants fournisseurs d’infrastructure infonuagiques au monde, avec une quarantaine de centre de données, quinze «régions d’infrastructure technologique» et un million de clients, avait annoncé sa venue il y a un an. Comme prévu, les installations sont alimentées presque entièrement par de l’énergie hydro-électrique. «C’est d’ailleurs l’approvisionnement en hydroélectricité qui a favorisé l’implantation du centre à Montréal, plutôt qu’ailleurs au pays», dit Teresa Carlson.
Stocker les données des gouvernements
Amazon a déjà plusieurs milliers de clients au Canada, qui lui confie le stockage dans les nuages de leurs données. Mais celles-ci étaient entreposées jusqu’à maintenant dans ses centres situés en Oregon (pour les provinces de l’ouest) ou en Virginie (pour l’est). Le nouveau centre montréalais pourra ainsi rapatrier les données canadiennes.
Parmi ces clients: la Banque Nationale du Canada, Salesforce, Lululemon Athletica, l’OACI, The Score, British Columbia Hydro, TMX Group ou encore, le détaillant de meubles et d’électroménagers, Brault et Martineau.
L’avantage d’avoir un centre de données à Montréal, dit Teresa Carlson, est d’aller chercher des clients gouvernementaux, dont la loi exige que les données restent en sol canadien. «Nous serons très proactifs avec les agences gouvernementales», dit Mme Carlson.
AWS travaille déjà avec quelque 2,700 agences gouvernementales à travers le monde, selon Andy Jassy, chef de la direction chez AWS, parmi lesquelles on retrouve la CIA, la Ville de Chicago, et la Bibliothèque publique de New York.
«Nos clients et partenaires canadiens nous ont demandé de développer une infrastructure AWS au Canada, pour leur permettre d’exécuter leurs charges de travail essentielles et d’entreposer des données sensibles dans l’infrastructure AWS située au Canada », a dit Andy Jassy.
Une compétition féroce
AWS compte maintenant pour 10% des revenues d’Amazon. Il se bat pour la première place avec un autre géant, Microsoft, et son service Azure.
Google et IBM sont les autres gros joueurs de cette industrie, dont les revenus devraient doubler d’ici 2020, pour passer de 96 milliards$ US en 2016, à quelque 195 milliards$ US, selon la firme IDC.
Amazon contrôlerait 45% du marché global, selon Synergy Research.
Au Québec, Cogeco et Videotron sont très présents dans l’infonuagique.
Vidéotron a inauguré en septembre son centre 4Degrés, dans le Technoparc Saint-Laurent, à Montréal, devenant ainsi l’un des leaders québécois du traitement et de l’hébergement de données.
Pas moins de 40 millions $ ont été investis dans cet édifice de 4000 mètres carrés, ce qui en fait l’une des plus grandes salles de serveurs au Québec.
Il s’ajoutait au centre de données 4Degrés de Québec.
Microsoft a un centre de données infonuagiques à Québec, et IBM, à Drummondville.
«La compétition est bonne, et il y a de la place pour tout le monde», a dit Teresa Carlson.
Québec ravit
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s’est réjouit de l’implantation d’AWS à Montréal.
«Amazon Web Services a choisi le Québec pour implanter sa première infrastructure canadienne. Cela démontre bien que le Québec possède les atouts nécessaires pour attirer des entreprises de calibre mondial», a-t-il dit.
Selon la ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, responsable de la Stratégie numérique, Dominique Anglade, cette initiative stimulera le développement de l'infonuagique au Québec, «un domaine d'avenir qui représente un important moteur de croissance pour le secteur québécois des technologies de l'information et des communications ».
De son côté, Navdeep Singh Bains, ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, a souligné l’essor incroyable de l’industrie numérique. « L’économie de l’industrie numérique est devenue l’économie en soi. Presque chaque secteur économique évolue à l’aide des technologies numériques, qui fonctionnent avec l’infonuagique », a-t-il dit.