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Le touriste de demain, asiatique et numérique

Le touriste de demain sera numérique, prévisible, un peu inquiet, et plutôt Chinois. Il sera aussi plus libre et autonome, grâce aux milliers d’applications qui le guideront là où il se déplacera, car il ne supportera guère le stress. Et il cherchera la nature, chose que le Québec pourra lui donner en abondance.

C’est ce qui ressort de la présentation 2017 du «touriste de 2030 », préparé par la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, en collaboration avec Tourisme Montréal.

La nouvelle force des économies émergentes, les enjeux démographiques, l’environnement sous tension et les technologies disruptives transformeront l‘industrie du voyage. Et les Google, Facebook, Amazon et Apple  profiteront de ce secteur en plein boom. «Ce sont des disrupteurs. Et ces grands groupes prendront le contrôlent», dit Paul Arsenault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat.

Bonjour, les Chinois

Les deux tiers de la population mondiale feront partie de la classe moyenne en 2030, selon la firme KPMG. De son côté, Visa prévoit que près de la moitié de tous les ménages à travers le monde pourront s’offrir un voyage en 2025.

La grande nouveauté : la majorité proviendra des pays émergents, et de Chine, notamment. Le pays est devenu, en 2015, celui qui dépensait le plus en matière touristique, selon l’Organisation mondiale du tourisme : 292 milliards $US, soit plus du double des États-Unis, au deuxième rang.

«Il faut concevoir dès maintenant, dit Paul Arsenault, que le potentiel de développement touristique du Canada, des régions du  Québec et de Montréal, passe nécessairement par une compréhension socioculturelle de ce qui se passe en Asie, et particulièrement en Chine. » Il faudra savoir quoi leur vendre, et comment.

Un touriste très prévisible

Le touriste d’aujourd’hui est numérique, celui de demain sera entièrement numérique. D’ici 15 ans, la moitié de la population aura accès à Internet, selon KPMG, plus qu’à l’eau potable. Selon le Forum économique mondial, 80 % de la population aura une identité numérique en 2023. Il sera de plus en plus ardu de protéger sa vie privée, en raison de l’accès illimité à l’information et aux mégadonnées.

Ainsi, le touriste sera très facile à prédire. Il laissera des traces à la suite de ses déambulations, de ses achats, de ses sorties.

Le marketing touristique aura beau jeu, avec le déploiement d’offres très pointues et nichées.

De nombreuses technologies, comme l’intelligence artificielle, l’internet des objets, la voiture autonome ou la réalité virtuelle, faciliteront aussi l’intégration du numérique dans toutes les sphères du voyage. 

Touristes stressés

Pas facile d’aller dans un endroit qu’on ne connaît pas, où on est différent, et où on ne parle pas la langue.

Bien que plus libre, le touriste de demain sera allergique au stress. Il cherchera à se faire rassurer et à tout prévoir.

Des firmes travaillent déjà activement sur ce sentiment d’insécurité, amplifié par les menaces terroristes et les bouleversements mondiaux.

Ainsi, Amadeus Pixell, l’application mobile pour les agences de voyages, investit près d’un milliard$ dans la technologie « pour diminuer les irritants et réduire le stress du voyageur », dit Paul Arsenault, une demande de la nouvelle génération.

Amadeus prédit l’arrivée des agences de voyages mobiles pour accompagner l’utilisateur tout le long de son séjour. Une seule application répondra à tous ses besoins.

Le Canada doit miser sur le «déficit nature»

Et il y a les changements climatiques ! Des territoires situés en bord de mer pourraient être submergés. Le Québec n’y échappe pas : son littoral est composé à 50 % de côtes en érosion, dont 43 % potentiellement à risque de submersion.

On pourrait voir des hausses de température allant de 2 à 4 °C d’ici 2050, provoquant  moins d’enneigement,  et plus de vagues de chaleur.

Cela dit, le Canada et le Québec regorgent de territoires vierges. Les touristes de demain seront en «déficit nature », dit Paul Arsenault. «L’accès à la nature fait défaut à de nombreuses personnes, et c’est pire en Asie. » Des milieux naturels sont détruits, ravagés, et on voit apparaître des forêts tropicales dans des hôtels. «On en est rendu là, à la nature synthétique!, poursuit-il. Le Canada et le Québec auront un positionnement à jouer à l’échelle planétaire. On a des vraies forêts, avec des vrais animaux, et de la vraie eau qu’on peut boire sans mettre de pilules. Ce sera une valeur ajoutée. Et une opportunité à prendre pour le Québec et le Canada. »

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