Les responsables de la mosquée de Québec étaient toujours ébranlés par ce qu’ils ont vécu 24 h après la fusillade ayant fait 6 morts, dimanche soir.
«On est en état de choc, on est sous le choc, a déclaré Mohamed Yangui, président du Centre culturel islamique. On souhaite sortir de cet état le plus rapidement possible, mais c’est très difficile.»
En marge du rassemblement pour rendre hommage aux victimes, M. Yangui a indiqué qu’une cellule de crise avait été mise en place pour venir en aide aux victimes et à leur famille.
«Il y a des gens qui vont visiter les familles, les enfants, a ajouté Boufeldja Benad Allah, le fondateur du centre. [Ils vont] prendre leurs doléances, faire des réunions de 2 ou 3 heures. On ne va pas les laisser un seul instant. »
Les deux hommes sont également reconnaissants envers la population québécoise qui a manifesté en grand nombre son soutien et son affection envers la communauté musulmane.
«On est convaincu qu’avec ce sursaut collectif de la société québécoise, ça nous permet de passer un petit baume sur nos plaies, ajoute M. Benad Allah. Peut-être que ça va nous aider à passer au travers, surtout les familles, les familles sentent ça. Je pense que c’est important.»
«À travers ce qu’on a vécu, on a vu vraiment la société québécoise, toute la société canadienne qui était vraiment avec nous, renchérit le président de la mosquée. Ça montre comment on est soudé. Ça montre comment notre pays d’accueil nous accueille confortablement, nous donne tout ce dont on a besoin, nous donne le respect.
Malgré tout, ils ont toujours du mal à comprendre pourquoi cet attentat a été commis envers eux.
«Vous imaginez, ils étaient en train de prier et probablement qu’ils étaient en train de demander à Dieu la paix pour le monde, et ce sont eux qui meurent sous des balles, exprime le fondateur. L’ironie du sort.»
Mohamed Yangui cite en exemple l’une des victimes, Aboubaker Thabti, avec qui il discutait quelques minutes avant que l’horreur ne frappe au Centre culturel islamique. Celui qui est tombé sous les balles du tireur discutait de son projet d’achat de maison.
«On a essayé de voir comment ça se fait, comment on pourrait alléger les prix, la stratégie à entreprendre, raconte-t-il. Il n’est plus là monsieur. Il est sorti de chez lui pour apaiser son cœur. Pour entrer à la mosquée, pour prier à Dieu, pour retourner chez lui pour continuer à faire ses devoirs envers sa famille, envers ses enfants. Il ne va plus y retourner, il n’est plus là et il ne va pas retourner là.»
M. Yangui demande maintenant au gouvernement d’agir pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise au pays.
«Notre seule accusation, c’est que nous sommes des musulmans, dénonce-t-il. Pourquoi est-ce que nous sommes morts? Nous sommes des musulmans. Pourquoi est-ce qu’on a reçu une tête de porc? Parce que nous sommes des musulmans. Pourquoi est-ce qu’il y a des médias qui parlent de nous négativement? Parce que nous sommes musulmans. »