En devenant une «Ville sanctuaire», Montréal souhaite que ses 50 000 sans-papiers soient traités comme tous les autres citoyens.
À l’instar de Vancouver, Hamilton et Toronto et de nombreuses villes américaines, Montréal protège désormais les immigrants sans-papiers des risques de déportation. Les élus montréalais ont adopté à l'unanimité une déclaration en ce sens, lundi, au conseil municipal.
Le plan d'action concret n'a pas encore été présenté, mais le maire Denis Coderre souhaite que les personnes sans-papiers aient accès aux mêmes services municipaux que les autres citoyens de Montréal.
Ces immigrants sans statut légal seraient plus de 50 000 dans la métropole, selon des estimations de l'organisme Solidarité sans frontières. Ils n'ont aucun droit, n'ont pas accès aux systèmes de santé et d'éducation et peuvent être déportés lorsqu'ils sont dénoncés par la police auprès de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Comme tout le monde
Le maire Coderre compte ainsi interpeller les gouvernements provincial et fédéral afin qu'ils «emboîtent le pas» de Montréal et changent leurs politiques d'immigration.
«Avec le statut de Métropole, on va être en mesure de demander au gouvernement du Québec, dans ses politiques d'application au niveau de l'immigration, de prendre en considération la réalité montréalaise en termes d'éducation, de santé et de services qui touchent au gouvernement du Québec.»
Pas de dénonciation
Les policiers du SPVM pourraient aussi être obligés de ne pas dénoncer ces immigrants sans statut auprès de l'ASFC, sauf en cas d'enjeu de sécurité nationale.
«Dans certaines villes, comme à Toronto, ce sont les agents fédéraux qui font le travail [de chercher les sans-papiers]», a indiqué le maire.
Ces personnes en situation d'irrégularité pourront aussi, éventuellement, avoir accès aux logements sociaux de Montréal.
«Il faut protéger la plupart de ces gens-là qui sont victimes de "vautours" dans des lieux insalubres», a cité M. Coderre en exemple.
«Faire plus»
Projet Montréal a appuyé cette déclaration, mais sa chef Valérie Plante aimerait que la Ville aille plus loin. Elle souligne que Montréal n'a pas «tous les outils nécessaires pour être réellement une ville sanctuaire. Il ne faut pas créer de faux sentiment de sécurité.»
Mme Plante souhaite aussi que la Ville consulte les organismes qui viennent en aide aux sans-papiers lorsque viendra le temps d'élaborer concrètement les mesures à venir.
«On devrait aussi soutenir financièrement les groupes qui sont déjà sur le terrain et qui connaissent très bien la réalité.»