Les révélations de l’émission J.E. sur des possibles inventions de preuve par les Affaires internes du SPVM pour faire taire des policiers ont ébranlé l’ex-policier Jean-François Brochu.
«Ça m’a interpellé très fortement. Ce sont des allégations très graves, mais ce n’est pas quelque chose qui n’est pas enquêtable», souligne l’ancien sergent de la Sûreté du Québec. «On devrait être en mesure de faire la lumière.»
Dans le cadre de l’émission J.E., le journaliste de TVA Nouvelles s’est entretenu avec deux anciens hauts gradés du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Jimmy Cacchione et Giovanni Di Feo. Avant d’être renvoyés, les deux policiers s’apprêtaient à dévoiler des cas de corruption au sein du corps policier. Ils allèguent que la section des Affaires internes a fabriqué de la preuve pour les faire renvoyer, afin de les faire taire.
«Entre le fait de savoir que quelque chose a eu lieu [...] et le prouver hors de tout doute devant un tribunal, il y a un travail important à faire, nuance M. Brochu. Ça demande beaucoup d’expertise.»
L’ex-policier croit que toutes les affaires éclaboussant le SPVM dans les dernières années, notamment le scandale BCIA, l’écoute des journalistes, l’enquête sur Costa Labos (depuis blanchi) et la démission du chef Marc Parent, devraient pousser le pouvoir politique à agir.
«La problématique est plus profonde, l’abcès est plus gros, soutient M. Brochu. Je pense que le ministre devrait s’asseoir et regarder avec l’inspectorat la façon de mettre sur pied, comme il l’a déjà fait, une équipe d’enquêteurs ad hoc appuyée par un procureur pour enfin crever cet abcès, faire la lumière et rassurer la population.»
Deux clans s’affrontent à l’intérieur du service de police pour en assurer la direction, un «secret de polichinelle», estime Jean-François Brochu.
«Le climat de travail pour les policiers à Montréal, on le sait, n’est pas facile dans le moment, observe l’ex-policier. Le ministre doit donner un coup de barre. Il est temps. Depuis 2014, ça traîne. Je pense qu’on est rendu là ce matin. Ce qui s’est dit hier, c’est extrêmement dommageable et on doit aller au fond des choses.»