Le Service de police de la Ville de Montréal fait face à une crise de confiance, estime Jean-François Lisée, devant les allégations de fabrication de preuve et de guerres intestines.
«Les enquêteurs sont suspicieux de nature, alors même dans le fonctionnement normal d'une bonne équipe de police, il va toujours y avoir des tensions entre enquêteurs, mais là, c'est clair qu'on a passé le point de rupture», a affirmé le chef péquiste lors d’un point de presse jeudi matin.
Le PQ et la CAQ réclament l’intervention du Bureau des enquêtes indépendantes au SPVM depuis que deux ex-policiers montréalais, Jimmy Cacchione et Giovanni Di Feo, ont affirmé à l’émission «J.E.» que des collègues des enquêtes internes auraient fabriqué de la preuve pour les faire taire.
L’enquête a plutôt été confiée à la Sûreté du Québec (SQ), mais on apprenait jeudi matin que celle-ci a été impliquée dans au moins une des enquêtes internes qu’elle devra vérifier. Un quotidien montréalais a également révélé que le SPVM fait l’objet d’une guerre intestine entre deux clans depuis près de 20 ans.
Pour le porte-parole de la CAQ en matière de sécurité publique, André Spénard, «il y a un peu de gangrène de pris dans la haute direction du SPVM».
Malgré tout, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, réitère sa confiance dans le service de police montréalais. «Le SPVM fait son travail», a-t-il dit.
Il refuse également de confier le dossier au Bureau des enquêtes indépendantes. «La SQ va déployer des enquêteurs chevronnés, les meilleurs en la matière», a assuré le ministre. Un procureur du DPCP et le commissaire à la déontologie policière seconderont les enquêteurs de la SQ.
«Je pense qu’on a toutes les garanties que l’enquête va être sérieuse et indépendante», a affirmé Martin Coiteux.
Il dément également que la SQ ait été impliquée dans une enquête du SPVM. «On parle d’un signalement [au SPVM], on ne parle pas d’une enquête. Ça ne remet pas du tout les choses en question.»
Toutefois, le ministre ne s’engage pas à rendre publiques les conclusions de l’enquête. «S’il y a des accusations [criminelles], évidemment vous saurez qu’elles sont ces accusations», a-t-il souligné, dans une réponse en anglais.