Pour de plus en plus de Canadiens, le passage à la frontière américaine n’apparaît plus comme une simple formalité.
Parlez-en à Carol-Anne Lefrançois, qui a vécu toute une mésaventure alors qu’elle était sur le point de s’envoler pour la Floride en compagnie de son bébé de 20 mois, un peu avant Noël, en partance de Québec.
«À l’enregistrement, l’agente d’Air Canada prend mon passeport, puis me dit: "tu ne peux pas embarquer dans l’avion, car on a reçu un appel des douanes américaines disant que tu ne rentrais pas dans l’avion, que tu ne passeras pas les douanes", raconte cette Québécoise à l’émission de Denis Lévesque, à LCN.
En panique, Mme Lefrançois explique alors aux autorités qu’elle n’a aucun antécédent judiciaire et qu’elle a fait un voyage de trois mois en Floride en 2016. L’agente fait ensuite des appels téléphoniques en la faisant attendre pendant deux heures. Résultat: la mère de famille et son fils ratent leur vol Québec-Montréal, première étape de leur itinéraire devant les mener en Floride.
Elle pose donc des questions à des douaniers canadiens, qui lui répondent que ce n’est pas la façon habituelle de procéder que de communiquer avec le personnel de la compagnie aérienne.
«En faisant des recherches sur mon dossier, j’ai compris qu’une loi a été votée sous silence en juin dernier, qui fait que le Canada transmet les effectifs de vol, relate Mme Lefrançois. Tous les gens qui achètent des billets d’avion pour les États-Unis ou en survol des États-Unis, ces informations sont ensuite transmises aux douanes américaines, qui vérifient les passeports. C’est eux qui ont fiché mon passeport et qui ont dit que je ne passerais pas les douanes.»
Toujours à Québec après avoir manqué son avion, la jeune femme se fait référer au consulat ainsi qu’à l’ambassade. On lui suggère alors de se rendre aux douanes de l’aéroport Montréal-Trudeau, lui expliquant que ce sont ces dernières qu’elle devait franchir pour son voyage. Après s’être rendue sur place dans les jours suivants, elle y rencontre un douanier qui ne peut lui confirmer la raison de l'interdiction.
Accompagnée d’un ami et sous la recommandation de l’ambassade américaine à Montréal, elle se rend au poste frontalier de Lacolle. L’accueil n’est pas plus chaleureux.
«Mon ami présente son passeport, tout va bien, et là, je leur remets le mien et ils nous disent: monsieur, madame, levez vos mains en l’air et madame, sortez du véhicule. Ils m’ont menottée, m’ont tout confisqué, puis m’ont amené à l’intérieur pour me fouiller», raconte-t-elle. Un douanier lui répond qu’elle est détenue aux États-Unis. Un collègue qui parle français, fort sympathique, précise-t-elle, lui avoue qu’il ne sait pas pourquoi elle se trouve dans cette situation, malgré un dossier sans tache.
Soumise à un interrogatoire en règle, Mme Lefrançois se fait demander si elle a déjà fréquenté une personne d’une autre nationalité. «Je lui ai dit que je suis déjà sortie avec un Tunisien, il y a trois ans, à Montréal. Je lui ai donné l’information et après j’ai été amenée dans une petite pièce», mentionne Mme Lefrançois, qui n’a pas gardé de bons souvenirs de cette relation. Elle y a d’ailleurs mis fin en janvier 2014.
«Là, le fun a commencé. J’ai été détenue sept heures aux douanes.» Avant d’être expulsée des États-Unis et reconduite manu militari du côté canadien.
Carol-Anne Lefrançois a tenté de communiquer avec son ex-conjoint pour savoir s’il avait eu des ennuis avec les autorités américaines. Elle dit avoir eu la confirmation que ses déboires découlent de cette ancienne relation. Mais pour le moment, elle n’a plus le droit de traverser en sol américain et elle demeure dans le flou.
Voyez l’entrevue intégrale dans la vidéo en haut de cet article