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Des élèves transgenres dénoncent la nouvelle «guerre des toilettes»

Élèves transgenres, parents et militants de l'État de New York s'indignent de la suppression par l'administration Trump d'un dispositif fédéral protégeant ces étudiants, se disant prêts à se battre contre une mesure ouvrant selon eux la porte aux violences.

«Je suis sidérée, ce sont des choses que je n'avais jamais imaginées», a déclaré Lauren Bocketti, mère de Zach, 10 ans, enfant transgenre ayant toujours été bien traité par son école de Long Island (nord-est des États-Unis).

«Nous avons eu de la chance et nous voudrions que tout le monde ait cette chance», a-t-elle ajouté jeudi, lors d'une conférence de presse à laquelle participaient de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme.

«Ce n'est pas un choix», a-t-elle souligné en parlant de son fils. «Depuis qu'il a deux ans, il sait qui il est: c'est un garçon prisonnier d'un corps de femme.»

Le gouverneur de l'État de New York, le démocrate Andrew Cuomo, a assuré que les écoles de l'État ne remettraient pas en cause «les droits et la protection» des personnes transgenres.

Mais même si New York est l'un des États les plus libéraux en la matière, les choses restent compliquées, selon Madeline Bruni, 18 ans, qui a commencé sa transition au collège. Il y a 18 mois, un restaurant a appelé la police lorsqu'elle a utilisé les toilettes pour femmes. «C'est fou que quelque chose comme ça puisse arriver encore aujourd'hui», a-t-elle confié.

Si Ethan Diaz, 16 ans, dit n'avoir personnellement jamais eu de problèmes, il est inquiet pour les jeunes transgenres angoissés à l'idée d'aller aux toilettes. «New York est un super endroit où faire sa transition, les gens sont à l'aise. Mais pour les gens qui ne sont pas à New York, c'est la peur».

Les ministères américains de la Justice et de l'Éducation, dirigés par des conservateurs chrétiens, ont publié mercredi un communiqué indiquant qu'ils «retiraient les recommandations» de la précédente administration Obama concernant l'accès à des installations non mixtes, vestiaires, toilettes... Et renvoyé du même coup aux États fédérés et aux districts scolaires la décision de trancher, dans ce qui avait été surnommé «la guerre des toilettes».

Pour David Kilmnick, président de l'association New York LGBT Network, la décision de l'administration Trump va augmenter le risque de violences contre les personnes transgenres. Dès jeudi, son organisation a mis en place un numéro de téléphone spécial et engagé des avocats pour envisager des actions en justice.

«Refuser de protéger les jeunes les plus vulnérables est à la fois déplorable et dangereux», dit-il: les trois quarts des élèves transgenres disent se sentir menacés dans les écoles, plus de 40% ont été physiquement agressés et plus de la moitié reconnaissent rater les cours pour éviter les brimades.

Il a jugé ridicules les arguments de certains conservateurs selon lesquels la protection accordée par l'administration Obama aurait été dangereuse pour les autres enfants: «Nous savons pertinemment que la communauté transgenre ne risque pas de commettre des délits sexuels, c'est elle qui risque très fort d'être victime».

Cette «guerre des toilettes» a été déclenchée en 2016 par le gouverneur républicain de Caroline du Nord d'alors, Pat McCrory, et une loi qui imposait l'utilisation des toilettes publiques en fonction du sexe de naissance, et non du sexe auquel les usagers s'identifieraient.

Au terme d'un vif débat opposant progressistes et conservateurs, le président Barack Obama avait décidé d'instaurer des mesures fédérales permettant aux écoliers et étudiants de se rendre dans les toilettes et les vestiaires correspondant au sexe auquel ils s'identifient.

La Cour suprême doit se pencher sur ce dossier le mois prochain avec le cas d'un lycéen de 17 ans, né femme mais qui s'identifie en tant qu'homme. Il est allé en justice pour pouvoir utiliser les toilettes pour garçons dans son école de Virginie.

La question transgenre devrait aussi être au coeur d'une grande manifestation pour les droits des personnes lesbiennes, gais, bisexuelles et transgenres (LGBT) le 11 juin à Washington, selon M. Kilmnick.

Jeudi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le Stonewall Inn, bar gai historique du quartier new-yorkais de Greenwich Village, pour défendre les droits des étudiants transgenres, brandissant des pancartes «Résistez», «Protégez les jeunes trans» et «Les droits trans sont des droits humains».

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