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«Another Brick in The Wall – l’opéra»: de l’idée à la fresque humaine

Sébastien St-Jean / Agence QMI

Dans une semaine jour pour jour, des maisons d’opéra d’un peu partout auront les yeux rivés sur Montréal, alors qu’«Another Brick in the Wall», composé par Julien Bilodeau et mis en scène de Dominic Champagne, y sera révélé en grande première mondiale à la Place des Arts.

La pression est forte pour l’instigateur du projet, Pierre Dufour, qui a quitté ses fonctions de directeur général de l’Opéra de Montréal en août dernier afin de porter cette production dérivée de l’œuvre mythique de Roger Waters sur d’autres scènes à travers le monde.

«Beaucoup de compagnies vont d’abord vouloir constater le résultat à Montréal, dit celui qui attend le grand test du 11 mars avant d’officiellement trouver preneurs ailleurs. C’est une création mondiale, nous n’avons pas de référent. Ça n’a jamais été fait, vu, entendu. C’est comme si, par exemple, il y avait juste une production de «Madame Butterfly» à travers le monde.»

«Lorsque nous avons fait la lecture musicale, il y notamment des gens de Cincinnati qui sont venus et se sont montrés très intéressés, détaille-t-il sans trop s’avancer. On devrait arriver à des finalités sous peu avec des maisons canadiennes aussi venues assister.»

De A à Z

Huit solistes, 48 choristes et 71 musiciens sous la direction du chef d’orchestre Alain Trudel donneront corps au rêve qui a germé dans la tête de Pierre Dufour pendant une quinzaine d’années. «C’est une idée folle qui m’a traversé l’esprit. Passionné depuis toujours de l’œuvre de Roger Waters, je me suis dit que ce serait un bon opéra. «The Wall» est un album-concept qui s’écoute de A à Z, rarement par morceau, comme on écoute un opéra.»

Or, il ne faut pas s’attendre à une transposition d’un genre à l’autre, mais plutôt à une relecture musicale complète. «La musique de Julien (Bilodeau) est inspirée de l’œuvre originale. Les gens vont reconnaître des lignes mélodiques et rythmiques, mais il n’y a aucun instrument populaire ni électrique mis à part un synthétiseur. Le tout est joué par des instruments symphoniques.»

«Les gens vont peut-être mieux comprendre l’histoire elle-même, chantée à l’origine par Roger Waters et David Gilmour, poursuit-il pour nous donner un avant-goût. Ici, les personnages sont incarnés. Pink, sa mère, son père, le procureur, le juge, le processeur, tous existent et chantent eux-mêmes leurs propres répliques. Cette fresque met en lumière les paroles. À l’opéra, les mots et l’histoire priment autant que la musique.

Si la présence de Roger Waters le soir de première n’est pas encore coulée dans le béton, le créateur de l’œuvre originale, maintenant âgé de 73 ans, a pu suivre de près l’évolution d’ «Another Brick in The Wall», qui sera offert par l’Opéra de Montréal dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. «Dès qu’on a eu la partition du chef, on lui a fait parvenir. De même que l’enregistrement de la première lecture musicale. On a eu l’occasion de lui présenter le synopsis de Dominic Champagne, qui tient en 137 pages».

«C’est fascinant que cet opéra soit entendu en première mondiale à Montréal, sachant qu’une partie de la genèse de l’œuvre originale est issue d’un passage de Pink Floyd ici en 1977.» En pleine représentation d’«Animals» au stade olympique, Roger Waters avait senti un mur le séparer de la foule après avoir craché au visage d’un spectateur qui l’importunait au parterre.

Un mur d’actualité

Avec le projet de Donald Trump de construire un mur à la frontière mexicaine pour contrer l’immigration illégale, «The Wall» ne peut être plus d’actualité. En février, Waters, un fervent opposant au président républicain, s’est même dit prêt à donner un concert à l’endroit même où sera érigé le mur.

«The Wall a été conçu en réaction au fascisme et fait référence au mur de Berlin. Le grand-père de Roger Waters a été tué au cours de la Première Guerre mondiale, son père aussi durant au cours de la Seconde Guerre mondiale. Des murs, il y en a partout. Qu’on pense aux migrants butés à un mur parce qu’ils essaient de trouver asile dans un autre pays. Et Dieu sait que le mur est d’actualité en ce moment chez nos voisins américains.»

«Another Brick in The Wall» sera présenté par l’Opéra de Montréal du 11 au 27 mars, dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal.

Les concepteurs
Composition: Julien Bilodeau
Mise en scène: Dominic Champagne
Assistant mise en scène: Neilson Vignola
Costumes: Marie-Chantale Vaillancourt
Vidéographie: Johnny Ranger
Éclairages: Étienne Boucher
Concepteur sonore: Louis Dufort
Conseiller dramaturgique: Normand Baillargeon

La distribution
Étienne Dupuis (tête d’affiche dans le rôle de Pink)
France Bellemare (la mère)
Jean-Michel Richer (le père)
Caroline Bleau (la femme)
Stéphanie Pothier (Véra Lynn)
Dominic Lorange (le professeur)
Geoffroy Salvas (le procureur)
Marcel Beaulier (le juge/médecin)

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