Entre regrets et résignation, les dirigeants européens ont affiché mercredi leur volonté de continuer à travailler avec Londres, tout en prévenant que la suite ne serait pas facile à gérer, alors que les partis eurosceptiques pavoisaient.
Le président du Conseil européen Donald Tusk, a déclaré dans un communiqué: «Nous regrettons que le Royaume-Uni quitte l'UE» et «vous nous manquez déjà», mais l'Union européenne agira «de manière unie et préservera ses intérêts» dans les négociations.
Si le Brexit est «douloureux sentimentalement» pour les Européens, il sera «douloureux économiquement» pour les Britanniques, a prévenu le président français François Hollande devant la presse en marge d'un déplacement en Indonésie. «Ça se terminera par un accord commercial entre le Royaume-Uni et l'Europe, souhaitons que ce soit le meilleur accord commercial possible, et pour l'Europe, et pour le Royaume-Uni», a-t-il enchaîné, en soulignant que l'intention n'était «pas de punir» les Britanniques. Selon lui, le Brexit va «obliger l'Europe à aller de l'avant, sans doute avec des vitesses différentes».
La chancelière allemande Angela Merkel a souhaité depuis Berlin que Londres demeure un «partenaire proche» de l'Union européenne. «Nous, au sein de l'Union européenne, mènerons de façon juste et équilibrée les négociations à venir et j'espère qu'il en ira de même pour le gouvernement britannique, la première ministre britannique me l'a assuré au téléphone» mardi, a-t-elle ajouté. Mme Merkel a souligné que les discussions sur les futures relations entre la Grande-Bretagne et l'UE ne pourraient être menées qu'une fois achevées celles sur les conditions du Brexit, rejetant une demande de négociations parallèles de la première ministre britannique Theresa May.
« Il y a beaucoup en jeu (...) Restons calmes, soyons réalistes et négocions», a réagi le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders à La Haye, ajoutant que «citoyens et entreprises» allaient «sentir les effets» de la décision britannique. Les Pays-Bas regrettent la perte d'«un partenaire» avec qui ils étaient «sur la même longueur d'onde» mais s'engagent «à éviter un divorce et à construire une autre amitié» avec le Royaume-Uni, a-t-il ajouté.
«C'est un jour historique qui va marquer l'entrée de l'Europe sur un chemin encore inconnu», a déclaré le ministre portugais des Finances Mario Centeno lors d'un déplacement à Londres, ajoutant espérer que les «citoyens européens ressortiront avec des avantages» des négociations entre l'UE et Londres.
Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, sur Twitter: «Aujourd'hui n'est pas un bon jour. Le Brexit ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire de l'Union, mais nous sommes prêts, nous continuerons, en espérant que le Royaume-Uni reste un proche partenaire».
Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (PPE, droite, majoritaire) au Parlement européen, dans un communiqué: «L'histoire montrera que le Brexit est une énorme erreur», le Parlement européen devra approuver le traité final des négociations et «nous défendrons les intérêts des 440 millions de citoyens de l'UE», avec trois points-clefs: le sort des citoyens européens vivant au Royaume-Uni et des Britanniques vivant dans l'UE, les engagements financiers britanniques envers l'UE et la sauvegarde de la paix en Irlande du Nord.
Pour la Suisse, qui ne fait pas partie de l'UE, le Brexit ne change rien pour le moment, a souligné devant la presse la présidente de la Confédération, Doris Leuthard, en souhaitant surtout qu'il n'y ait aucune rupture des relations, notamment commerciales, entre Berne et Londres.
Nigel Farage, ancien leader du parti europhobe britannique Ukip et grand architecte du Brexit, a pavoisé: «L'Union européenne ne s'en remettra pas. Nous sommes les premiers à partir. C'est historique. Maintenant c'est nous qui prenons les choses en main».
Le député néerlandais d'extrême droite Geert Wilders a salué sur Twitter «un moment historique» et félicité la Grande-Bretagne d'avoir «regagné sa souveraineté nationale». «Les Pays-bas suivront dans quelques années», a-t-il prédit.
En France, Florian Philippot, vice-président du Front national (FN), parti d'extrême droite favorable à l'abandon de l'euro, s'est réjoui sur Twitter: «Avec le Brexit le Royaume-Uni renoue avec la liberté. Il n'y a rien de plus précieux. Bravo ! Bientôt la France elle aussi sera libre».