Les partis d’opposition à Ottawa somment les six grands patrons de Bombardier de faire «marche arrière» sur l’augmentation de salaire faramineuse qu’ils se sont offerte, eux qui ont touché ensemble 43 millions $ l’an dernier.
Le député néo-démocrate Robert Aubin prévient que si les hauts dirigeants refusent de reculer, le «lien affectif» liant Bombardier aux Québécois sera «définitivement déchiré».
«C’est une compagnie qu’on aime, affirme-t-il, déçu. Mais qu’on s’octroie de si gros bonus, ça m’apparaît aller contre la décence.»
Six hauts dirigeants de l’entreprise ont vu leur salaire bondir de près de 50%, l’an dernier. Au même moment, des milliers de travailleurs étaient licenciés et Québec et Ottawa allongeaient des centaines de millions pour sortir l’avionneur québécois du pétrin.
La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, a qualifié «d’indécents» les salaires offerts aux grands patrons de Bombardier, «alors que ce sont les gouvernements qui ont sauvé l’entreprise».
«La moindre des choses, c’est que les patrons soient humbles. C’est n’est pas leur talent personnel qui a sorti Bombardier du pétrin», a-t-elle dit.
Mme Ouellet estime elle aussi que les hauts gestionnaires doivent retourner une partie de leur salaire, par «respect pour les contribuables québécois».
Même son de cloche au Parti conservateur, selon qui Bombardier a démontré un «manque de jugement» en récompensant ainsi ses grands patrons.
«Ils devraient se garder une petite gêne, particulièrement quand on demande l’aide de l’État», a tonné Gérard Deltell.
«On est bien loin de l’esprit de Joseph-Armand Bombardier [le fondateur de l’entreprise. NDLR], a-t-il enchaîné.
À partir de maintenant, le gouvernement Trudeau doit «plus que jamais» faire preuve de vigilance pour s’assurer que l’aide fédérale consentie à l’entreprise québécoise donne les résultats voulus, estime M. Deltell. «Ce qu’on demande aux libéraux, c’est de s’assurer que les emplois promis soient des emplois réellement créés», a souligné le député.
Trudeau de marbre
De passage à Brampton, en Ontario, le premier ministre Justin Trudeau est resté de marbre lorsqu’il a été questionné sur les augmentations de salaire mirobolantes des dirigeants de Bombardier. «Nous respectons le libre marché et le choix des entreprises», a-t-il avancé.