Le premier ministre Justin Trudeau a refusé jeudi de condamner les fortes hausses de rémunérations des patrons de Bombardier, le groupe aéronautique canadien en proie aux difficultés et qui a obtenu 1,7 milliard de dollars canadiens d'aides publiques depuis fin 2015.
Au total, les six plus hauts dirigeants du constructeur aéronautique et de matériels ferroviaires ont touché plus de 40 millions de dollars canadiens (30 millions d'euros) l'an dernier, un bond de près de 50%.
Le PDG du groupe, Alain Bellemare, a touché 12,5 millions de dollars (+47%) et le président du conseil d'administration Pierre Beaudoin, ancien PDG écarté en février 2015 au profit de M. Bellemare, 6,8 millions (+36%).
Interrogé sur le niveau de ces rémunérations, Justin Trudeau a reconnu que le gouvernement canadien avait «une responsabilité pour s'assurer que les investissements réalisés avec l'argent des contribuables conduisent à de bons emplois et de la croissance qui auront un impact sur la classe moyenne».
Mais, a-t-il ajouté, «nous respectons la libre entreprise et les choix que les entreprises font».
Si Justin Trudeau n'a pas condamné le bond de l'enveloppe des rémunérations des dirigeants, au Québec en revanche la ministre de l'Économie Dominique Anglade l'a clairement critiqué.
«Les montants et les primes sont élevés et je comprends que les gens soient choqués», a déclaré la ministre.
Avant d'accorder des gratifications d'une telle ampleur, «je réfléchirais au message que l'on envoie à la population», a-t-elle ajouté.
Le groupe Bombardier est englué dans les difficultés en raison des retards et des commandes modestes pour son dernier avion, le CSeries, qui a nécessité l'apport de fonds publics. Depuis l'automne 2013, ce sont quelque 15.000 suppressions d'emplois qui ont été prévues.
Fin 2015, le gouvernement du Québec avait injecté près de 1,4 milliard de dollars canadiens pour une participation de 49,5% d'une filiale dont la seule activité est l'avion CSeries.
Le mois dernier, c'était au tour du gouvernement fédéral d'accorder un prêt de 372,5 millions de dollars canadiens à Bombardier.
David Chartrand, le délégué syndical des travailleurs de l'aérospatiale, a préféré réserver ses «commentaires pour nourrir» le cahier des revendications des employés dans les négociations avec la direction de Bombardier.