Êtes-vous désespérément à la recherche d'un dermatologue? Vous n'êtes pas les seuls. Selon des chiffres obtenus par la Coalition avenir Québec (CAQ), grâce à la loi d'accès à l'information, 36 000 personnes attendent un rendez-vous.
Johanne Charpentier est désespérée. Elle tente de voir un dermatologue depuis plus de deux ans.
«De fois en fois, on me laisse sur des listes d'attente, dit-elle. Au bout de 6 mois, je rappelle et on me dit : "Désolé ".»
Son époux aussi attend depuis plus de deux ans.
«Il a une tache, mais on ne sait pas si c'est cancéreux ou pas!», ajoute Mme Charpentier.
Le député François Paradis demande l'intervention du ministre de la Santé
«Ça n'a pas de sens que 36 000 patients soient en attente, s’exclame-t-il. Certains attendent jusqu'à 3 ans et demi selon les régions.»

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Ces données sont partielles, car plusieurs CISSS et CIUSSS ne connaissent pas les délais d'attente. Des patients peuvent aussi s'inscrire à plusieurs endroits.
Dans la Capitale-Nationale, plus de 14 000 patients sont sur des listes et le temps d'attente moyen est inconnu, s'est fait répondre la CAQ.
Dans Chaudière-Appalaches, c'est plus de 4500 personnes et à cet endroit non plus, on ne peut pas connaître les délais.

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Au total, 4455 patients sont enregistrés dans le Bas-Saint-Laurent avec de 237 à 1127 jours d'attente.
Vient ensuite Sherbrooke, avec 2078 personnes et presque un an d'attente. En Abitibi, plus de 2000 malades restent inscrits jusqu'à 2 ans.
Au CHUM, à Montréal, plus de 1000 personnes attendent en moyenne de 4 à 6 mois.
Au CHU Sainte-Justine plus de 1700 jeunes sont inscrits sans savoir quand ils auront un rendez-vous.

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«Le ministère de la Santé n'est pas au courant de la situation, soutient François Paradis»
«Les dermatologues pratiquent surtout en cabinet, explique Gaétan Barrette. Ce ne sont pas des institutions. Voilà pourquoi les CISSS et les CIUSSS n'ont pas accès à ces données.»
Il y a 197 dermatologues au Québec. Une vingtaine ont pris leur retraite depuis un an. D'autres vont suivre, car 10% des effectifs ont plus de 70 ans. Certains font à la fois de l'esthétique et du médical.
«On estime qu'il y a l'équivalent d'une journée par semaine chez les dermatologues qui est consacrée au privé. Si on avait cette journée de plus au public, on pourrait améliorer l'accès», affirme le ministre.
Des patients se sentent poussés vers le privé où l'accès n'est pas toujours facile non plus.
Le ministre promet une meilleure accessibilité avec les guichets d'accès pour voir un médecin spécialiste qui seront implantés cette année.
On forme aussi davantage de dermatologues, mais cela prend jusqu'à 10 ans.
«Il y a 10 ou 15 ans, il y avait 3 à 4 dermatologues qui étaient diplômés chaque année au Québec. C'est très peu. Depuis 2 ou 3 ans, c'est 11 ou 12», se réjouit la vice-présidente de l'Association des dermatologistes du Québec, Dre Dominique Hanna.
En attendant, la situation est préoccupante, dit François Paradis.
«Le citoyen qui s'inquiète d'une rougeur sur la peau n'a pas le loisir d'attendre un an pour se rassurer», dénonce-t-il.
Johanne Charpentier, elle, espère que son message sera entendu. Elle et son mari souhaitent rencontrer rapidement un dermatologue.
«On reste dans l'inquiétude, exprime-t-elle. On se demande si c'est cancéreux.»