Les modifications fiscales annoncées par le gouvernement Couillard pour retenir les sièges sociaux au Québec permettront aux dirigeants de Bombardier d’empocher une somme supplémentaire de près de 600 000 $, selon le Parti québécois (PQ).
Désormais, Québec imposera uniquement 50% du gain en capital sur les options d’achat, plutôt que 75% auparavant, pour les entreprises dont la masse salariale est de plus de 10 millions $.
Selon les calculs de l’opposition officielle, il s’agit d’une déduction fiscale d’un peu plus de 560 000 $ pour les six principaux dirigeants de Bombardier en 2016.
«Le gouvernement de monsieur Couillard a décidé d’offrir un cadeau aux contribuables les plus riches», estime le porte-parole du PQ en matière de finances, Nicolas Marceau.
Son parti s’oppose à cette déduction fiscale. «Je ne crois pas qu’on ait besoin d’aller dans des mesures plus généreuses envers les hauts dirigeants, dit Nicolas Marceau. Je pense que les salaires sont déjà extrêmement élevés.»
Recul insuffisant
Par ailleurs, l’annonce dimanche du report de la hausse de rémunération des six plus hauts dirigeants n’a pas réussi à calmer la grogne des partis d’opposition à Québec.
L’avionneur a annoncé que les bonis, qui constituent près de la moitié de la rémunération de 32,4 millions$ offerte aux principaux dirigeants en 2016, seront versés en 2020, au lieu de 2019. Ce boni est attribué sous forme d’actions et d’options en fonction de la performance de l’entreprise.
Sur Twitter dimanche, le premier ministre Philippe Couillard s’est dit «satisfait» de la décision de Bombardier.
Malgré tout, le Parti québécois prévoit toujours déposer une motion en Chambre mardi pour demander l’annulation complète de cette hausse de rémunération «indécente», affirme son leader parlementaire, Pascal Bérubé. «Il n’y a rien qui a changé», estime-t-il.
La motion devrait obtenir l’appui des deux autres partis d’opposition.
François Legault souhaite lui aussi que Bombardier annule la hausse de rémunération. «Tout ce qu’on fait, c’est qu’on reporte le versement d’une partie de l’augmentation de 2016 en 2020», déplore-t-il.
Il estime que le premier ministre devrait rencontrer le président du conseil d’administration de Bombardier «pour lui expliquer que les Québécois sont fâchés». «Il doit convoquer Pierre Beaudoin à son bureau et revoir complètement la rémunération», lance François Legault.
Québec solidaire n’est pas plus satisfait de l’annonce de dimanche. «C’est de continuer à rire du monde. Ce que le peuple veut, ce que j’entends, c’est qu’ils renoncent, point barre, à cette augmentation-là», dit sa porte-parole, Manon Massé.
Insatisfaction des Québécois
Un sondage Léger/TVA/Le Journal révélait samedi que 93% des Québécois s’opposent à cette hausse de rémunération de 48%, alors que le gouvernement Couillard a investi 1,3 milliard $ en décembre 2015 pour aider l’entreprise québécoise qui frôlait la faillite.
«Ce qui est scandaleux, c’est que c’est notre argent», lance Pascal Bérubé. [...] On va augmenter le salaire de millionnaires avec l’argent des Québécois.»
Le chef de la CAQ, lui, blâme directement le premier ministre. «Philippe Couillard a fait une mauvaise entente. Il n’a aucun représentant au conseil d’administration de Bombardier, Bombardier peut faire toutes les mises à pied qu’elle souhaite sans l’accord du gouvernement», énumère François Legault.
Pour sa part, la porte-parole de Québec solidaire trace un parallèle avec la lutte de son parti pour hausser le salaire minimum. «Ce gouvernement résiste à une hausse significative du salaire minimum, voire le 15$ de l’heure, mais, en même temps, il permet aux hauts dirigeants de partir avec la caisse de notre portefeuille collectif», lance-t-elle.