Des parents dénoncent le manque cruel de ressources pour aider leurs enfants qui souffrent de dysphasie.
Ce trouble du langage qui entraîne des limitations sur le plan de l’expression orale et de la compréhension toucherait plus de 70 000 jeunes au Québec.
C’est notamment le cas de Frédéric. À 13 ans, il a du mal à s’exprimer verbalement et à comprendre l’information.
Jusqu’à son entrée à l’école, il a pu recevoir des services en centre de réadaptation dans le réseau public.
Mais les choses se compliquent cependant pour les dysphasiques d’âge scolaire.
«J’ai été dans l’obligation d’aller dans le privé. C’est très coûteux. On ne pouvait pas se permettre d’aller en réadaptation toutes les semaines», explique la mère de Frédéric, Josée Pelletier.
«Ce sont des enfants extrêmement intelligents, mais ils ont besoin, nous avons besoin plutôt, d’orthophonie.»
En entrevue au «Québec Matin», la responsable du site parlonsdysphasie.com, Pascale Durocher, a confirmé ce manque flagrant de ressources.
«Si on compare à l'autisme, par exemple, c'est six fois plus fréquent. On parle de la complexité de la situation. Ça fait 30 ans qu'on a commencé à parler de la dysphasie, mais la situation a peu changé», affirme-t-elle.
Et la situation ne s’améliore pas avec le temps selon François Gosselin, un jeune homme de 25 ans atteint lui aussi de dysphasie.
«Moi, en tant qu'adulte, ma difficulté, c'est surtout, des fois, je cherche mes idées. Ça m'a quand même pris sept ans pour finir mon secondaire 1 en français. Ce n'est pas un manque de motivation, c'est par rapport au saupoudrage qu'on offre dans les services publics», affirme-t-il.
Le ministre de l'Éducation du Québec n'a pas voulu réagir à ce reportage, mais a cependant précisé que l'ajout de 1500 ressources supplémentaires dans le réseau avait été annoncé dans le dernier budget.
La Coalition avenir Québec (CAQ) presse le gouvernement d'agir à ce sujet.
«Il faut prendre conscience de la gravité de la situation. La dysphasie n'est pas considérée comme un problème de santé», fait savoir le porte-parole de la CAQ en matière d'éducation, Jean-François Roberge.
«Nous manquons de ressources dans le réseau de l'éducation. Les jeunes dysphasiques et les adultes sont coincés, ils n'ont pas de services.»