Aller à la piscine en exhibant des mollets poilus, porter une camisole en affichant des aisselles fournies : autant de gestes que plusieurs femmes n’oseraient jamais poser.
En cette ère où la pilosité est de plus en plus stigmatisée, même chez les hommes, la comédienne Paméla Dumont livre avec l’initiative Maipoils un vibrant et ludique plaidoyer pour le droit à la toison.
C’est assise sur le siège passager lors d’un covoiturage anodin qu’un déclic s’est produit dans la tête de Paméla Dumont. «La fille qui conduisait avait des jambes vraiment poilues et ça m’a ébranlée, parce que j’ai réalisé que je m’étais épilée toute ma vie sans jamais vraiment y réfléchir!», s’exclame celle qu’on a récemment pu voir dans la peau de l’héroïne d’ «Anne, la maison aux pignons verts», présentée au Théâtre Denise-Pelletier.
Pendant deux ans, la comédienne a alors tenté l’expérience de laisser pousser ses poils. Un processus long et ardu, au cours duquel elle a non seulement initialement éprouvé du dégoût pour son propre corps, mais essuyé plusieurs remarques désobligeantes.
«Maintenant je me sens plus puissante face à moi-même, j’ai le sentiment d’être plus l’égale de mon chum, par exemple. J’ai aussi découvert le côté sensuel et érogène qui vient avec le fait d’avoir du poil, car la peau n’est plus irritée ou désensibilisée par le rasage», remarque-t-elle.
Pilosité solidaire
Inspirée par des initiatives comme la Journée sans maquillage et le Movember, Paméla Dumont a décidé qu’il était temps de lancer le débat. Ainsi est né le mouvement Maipoils, qui invite les gens à laisser pousser leur poil tout au long du mois de mai. Des concours ainsi qu’une séance photo artistique ponctueront les témoignages et les conseils qui seront prodigués par l’équipe de Maipoils. Le mois se conclura par une soirée cabaret-lecture organisée par le Théâtre de la Foulée le 31 mai, au café Cagibi sur le boulevard Saint-Laurent.
«La pression est tellement immense, pour les femmes, mais aussi pour les hommes. On devrait tous pouvoir se sentir bien au naturel et pouvoir décider de se raser ou non, sans que ce soit régi par des standards de beauté», martèle-t-elle.
La jeune femme entend amener sa discussion sur le poil dans les écoles primaires et secondaires, où la question est peu abordée auprès des jeunes qui traversent leur puberté. «Souvent, ils se rasent en cachette, parce qu’ils ont vu leurs parents le faire et ils pensent qu’ils sont obligés», souligne-t-elle.
Son prochain défi : aller à un mariage en assumant sa pilosité. «Ça va être vraiment dur, mettre une robe, des talons, sans raser mes jambes! C’est aussi pour ça, Maipoils : savoir qu’on n’est plus seuls là-dedans», note Paméla Dumont.
Le lancement de Maipoils aura lieu lundi à 17h au Café Reine-Garçon sur la rue Duluth Est à Montréal.