L’attentat perpétré hier soir à Manchester, ayant fait au moins 22 victimes, a été bien planifié et son exécution s’est déroulée sans entrave, analyse un spécialiste en sécurité interrogé par TVA Nouvelles.
«Ils ont réalisé l’explosif correctement, ils ont utilisé les bonnes mixtures, les bons dosages, et ils l’ont positionné de manière efficace, remarque Claude Sarrazin, de la firme de sécurité Sirco. Ça laisse entrevoir qu’il y a quelqu’un qui a fait une réflexion en arrière de ça. On a des gens qui sont doués d’une certaine capacité technique.»
Le moment de l’attaque a aussi été soigneusement choisi: après l’événement, quand les spectateurs quittent, la sécurité est relâchée, contrairement au moment où les gens entrent.
«Ce qu’ils recherchent, c’est une concentration de personnes, une foule, et ils cherchent à avoir un impact important, analyse M. Sarrazin. Ils ont appris de leurs erreurs et on se rend compte qu’ils se concentrent sur la sortie, beaucoup plus facile à frapper.»
D’autres attentats à venir?
L’attentat a depuis été revendiqué par le groupe terroriste État islamique. Même si on dispose de peu d’informations sur les explosifs utilisés, M. Sarrazin penche pour la piste du PETN, une substance «qui peut être faite de façon artisanale, mais qui est complexe à réussir».
«Dans plusieurs cas, c’était le cas au Bataclan, l’explosif avait ‘’fusé’’ (avorté) plutôt qu’exploser, donne-t-il en exemple. Ce n’est pas évident à réaliser.»
Et le fait qu’une seule bombe a explosé peut laisser craindre d’autres attentats.
«Les policiers sont vraiment sur le pied d’alerte pour retracer les contacts que ces personnes-là ont, toutes leurs relations, souligne l’expert. Généralement, on va préparer ces mixtures-là dans une certaine quantité. Il y a probablement une bonne quantité d’explosif qui reste en dormance quelque part, en Grande-Bretagne.»
De petits objets métalliques, comme des clous ou des boulons ont sûrement aussi été placés tout autour de la bombe, afin de former des «shrapnels» (fragments) qui causent un maximum de dommages quand ils sont propulsés par le souffle de l’explosion.
Difficiles à prévenir
Les attentats du genre sont extrêmement difficiles à prévenir. M. Sarrazin constate qu’il y a beaucoup de discussions à ce sujet dans le milieu de la sécurité, mais que peu de choses concrètes peuvent être faites.
«Disons qu’on rajoute une mesure de sécurité à l’entrée de la station, on va déplacer le problème, estime-t-il. Dans ces événements-là, les gens utilisent les transports en commun. À ce moment-là, tout ce dont on a besoin, c’est quelqu’un qui monte à bord du transport en commun.»