Sans aller jusqu’à renier ses compagnons d’armes de 2012, Gabriel Nadeau-Dubois a clairement annoncé mardi qu’il désapprouve la violence, à son premier jour à l’Assemblée nationale à titre d’élu.
«Je crois que, dans une société démocratique, la violence n'est pas une manière de faire avancer ses idées, et, là-dessus, Québec solidaire a toujours été impeccable, a affirmé le nouveau député solidaire de Gouin. On est un parti qui sommes près des mouvements citoyens, près des mouvements sociaux, et on a toujours été capables par le passé de tracer la ligne, d'appuyer ce qu'on voulait appuyer et de ne pas appuyer ce qu'on ne voulait pas appuyer, et moi, je vais continuer dans cette lignée-là avec Amir et Manon.»
Lors de la grève étudiante de 2012, celui qui était alors porte-parole de la CLASSE avait été critiqué pour son refus de condamner les violences et le saccage qui se déroulait lors des manifestations. Gabriel Nadeau-Dubois rappelle qu’à l’époque il avait des «contraintes» puisque l’assemblée générale de la CLASSE refusait de condamner la violence.
Désobéissance civile
Toutefois, le nouvel élu se garde une réserve quant à la désobéissance civile. «Dans l'histoire des démocraties, il y a eu de nombreux moments où la désobéissance civile pacifique a été utilisée pour contrer des décisions qui étaient illégitimes, qui étaient injustes, et, pour moi, c'est le genre de situation qui s'évalue au cas par cas», a-t-il ajouté.
«Il faut regarder dans chaque situation, et Québec solidaire, on a toujours été capables de le faire», dit-il.
Ses propos ont fait vivement réagir le leader parlementaire adjoint de la CAQ, Éric Caire. «Sur la violence, il était à peu près temps, a-t-il commenté quelques minutes plus tard. Sur la désobéissance civile, je ne vois pas comment un député de l’Assemblée nationale peut ne pas condamner systématiquement la désobéissance civile.»
Assermentation
Souverainiste convaincu, Gabriel Nadeau-Dubois a ajouté un préambule au moment de prêter le serment d’allégeance à la reine d’Angleterre que tout nouveau député doit prononcer. «En attendant l’émergence d’une république libre, forgée en partenariat avec les peuples autochtones du Québec... je, Gabriel Nadeau-Dubois, déclare solennellement que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II», a affirmé le jeune député.
D’ailleurs, le drapeau canadien était absent aux côtés du fleurdelisé lors de la cérémonie qui se déroulait au Salon rouge en présence d’une centaine de proches.
Parmi ceux-ci, le père du jeune député, Gilles Dubois s’est dit honoré de voir son fils entrer à l’Assemblée nationale. «C’est comme ça qu’on l’a beaucoup élevé, sa mère et moi, l’importance d’être cohérent, l’importance d’être engagé socialement pour les autres», a souligné l’ex-vice-président du conseil central de Montréal à la CSN.
Réactions mitigées
Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois a causé des réactions partagées.
Ministre du gouvernement Charest à l’époque de la grève étudiante de 2012, Pierre Moreau n’a pas fait grand cas de son élection. «Est-ce qu’il va amener la révolution dans le palais? Je ne croirais pas, honnêtement, a dit le président du Conseil du trésor. Il va s’inscrire dans le cadre des travaux de l’Assemblée nationale, qui est un cadre plus strict que celui d’une manifestation en pleine rue. Mais c’est un jeune homme intelligent.»
Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a également salué le nouveau député. «Je considère que, pour la démocratie québécoise, d’avoir des points de vue différents, ce n’est qu’utile», a-t-il commenté.
Toutefois, contrairement à ses collègues de l’opposition, le leader parlementaire a laissé son collègue, le whip Stéphane Billette, prononcer le mot de bienvenue en chambre.
Les trois chefs de partis, eux, étaient absents en chambre mardi afin d’assister au discours de l’ex-président américain Barack Obama, à Montréal. Tous les trois ont toutefois contacté le nouvel élu par téléphone afin de lui souhaiter la bienvenue à l’Assemblée nationale.