Le Québécois de 25 ans qui se serait suicidé la semaine dernière dans sa cellule en Thaïlande vivait un rythme princier avec ses maisons et voitures de luxe grâce aux millions de dollars qu’il touchait sur les transactions de drogue et d’armes effectuées sur son site qui se trouvait dans le dark web.
En trois ans, Alexandre Cazes s’est fait des dizaines de millions de dollars avec sa plateforme AlphaBay, lancée dans le web profond en septembre 2014. Il s’est fait arrêter en Thaïlande le 5 juillet dernier avant de s’enlever la vie dans sa cellule la semaine suivante.
Le gros luxe
Le Trifluvien collectionnait les maisons et les voitures de luxe. Il détenait entre autres une Lamborghini payée 900 000$, une Porsche et une motocyclette de marque BMW. Il avait également six propriétés: quatre en Thaïlande, une sur l’île de Chypre au Moyen-Orient et une autre dans les Antilles.
Lors de son arrestation en Thaïlande le 6 juillet, les policiers ont saisi des biens pour une valeur de 12,5 millions $.
Les autorités américaines ont annoncé jeudi que le site de revente de produits illégaux, le plus gros de l’histoire, était fermé pour de bon.
Décès d’un ado
Plusieurs centaines de millions de dollars transigeaient chaque année sur cette plateforme, qui se voulait une sorte d’eBay pour acheter des drogues, des armes, des produits chimiques, des documents pour voler des identités, des renseignements de cartes de crédit volés, de la pornographie juvénile et d’autres produits et activités illégales.
«Que les criminels opèrent à la grande lumière du jour ou dans le web profond, nous n’arrêterons pas de travailler pour les trouver et les arrêter», a dit jeudi le directeur intérimaire du FBI, Andrew McCabe.
Pendant que Cazes menait la grande vie, les produits vendus faisaient des ravages.
Le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, a entre autres souligné le décès d’un adolescent de 13 ans en Utah, mort d’une overdose d’opioïdes qu’il avait achetés d’un collègue de classe qui lui, s’était approvisionné sur AlphaBay.
En juin 2017, 369 000 articles étaient à vendre sur le site, qui récoltait une commission de 2 à 4% à chaque transaction faite en crypto-monnaie, comme les bitcoins, pour assurer l’anonymat. Une équipe d’une dizaine de personnes dirigée par Alexandre Cazes travaillait à son fonctionnement.
On dit que le site était dans le web profond puisqu’aucun moteur de recherche ne le référençait. Pour y avoir accès, les utilisateurs devaient cacher leur provenance et leur adresse IP.
Coulé à cause d’une erreur de débutant
Même s’il était considéré comme un crack en informatique, Alexandre Cazes s’est fait pincer en raison d’une erreur d’amateur.
Lorsqu’il a créé son site de revente de produits illégaux en 2014, les utilisateurs recevaient un message en provenance de l’adresse pimp_alex_91@hotmail.com. Il s’agissait de l’adresse personnelle d’Alexandre Cazes, ce qui a facilement mené les autorités à l’identifier comme le créateur et l’administrateur du site Alphabay.
Infiltré
En décembre 2014, cette adresse apparaissait aussi comme provenance des informations lorsque les gens perdaient leurs mots de passe.
Des policiers qui se faisaient passer pour des civils ont commencé à infiltrer le site en 2016. Quand Alexandre Cazes s’est fait arrêter le 5 juillet dernier en Thaïlande, son ordinateur portable était ouvert sur son lit, et une session était ouverte en tant qu’administrateur.
Le FBI et la police thaïlandaise ont pu retracer tous les mots de passe de Cazes, ainsi que certains documents personnels, dont un qui faisaient état de ses avoirs. Tout a été saisi comme fruit de la criminalité.
Rappelons que cette même journée, deux perquisitions avaient eu lieu à Trois-Rivières et une à Montréal en lien avec cette affaire.
Mercredi dernier, les médias thaïlandais rapportaient que Cazes s’était suicidé en prison. Il faisait face à 16 chefs d’accusation devant la justice américaine, dont complot et distribution de narcotique.