L’industrie pétrolière et les constructeurs automobiles font une campagne de peur pour décourager les Québécois de s’acheter une voiture électrique, a déploré l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ) dans une vigoureuse sortie publique, lundi.
«Dans certains cas, leur réaction est proche de la panique. Ils font une campagne de peur avec pas grand-chose», a dénoncé Martin Archambault, administrateur de l’AVÉQ, qui en veut à l’Institut économique de Montréal (IEDM).
D’après Martin Archambault, ceux qui, comme l’IEDM, répètent que les contribuables vont devoir payer pour les véhicules électriques des autres font fausse route.
«Le prix des voitures à essence n’a pas augmenté là où il y a eu des lois pour mettre de l’avant ce type de voiture», a-t-il noté, irrité, écorchant aussi les intérêts pétroliers au passage.
M. Archambault regrette que ce type de discours circule, car il fragilise l’orientation de la Stratégie en électrification des transports du Québec.
«Oui, l’orientation est menacée. Même si, à la base, elle est bonne, nous prônons une approche un tantinet plus agressive», a-t-il laissé tomber.
«Tout croche»
Normand Mousseau, professeur et auteur d’un rapport sur les enjeux énergétiques, est même allé jusqu’à qualifier de «tout croche» la sortie de l’IEDM contre l’obligation des concessionnaires de vendre plus de voitures électriques.
Mais ce qui choque le plus Martin Archambault, ce sont les vendeurs de voitures qui inventent des problèmes aux véhicules électriques pour dissuader leurs clients de s’en procurer.
«Grâce à un client mystère envoyé chez un concessionnaire, nous avons pu entendre des arguments du genre : “Pas fiable en hiver”, “Pas de borne nulle part », a-t-il confié. Selon lui, les vendeurs de voitures les boudent simplement parce qu’elles leur font gagner moins d’argent.
Demande importante
Or, jamais la demande de voitures électriques n’a été aussi importante ici. Elle double chaque année depuis 2011. Pendant qu’aux États-Unis, une usine GM est forcée d’arrêter d’en produire faute de clients, il y a une liste d’attente de 10 mois pour ce même type de voiture dans la province... souligne M. Archambault.
«À partir du moment où ce ne sont pas seulement des militants zélés qui montent dans des ponts pour en demander, mais des gouvernements et des citoyens qui s’y intéressent, l’industrie va devoir apprendre à vivre avec ça», a-t-il conclu.
Un peu d’histoire
Politique d’électrification de Québec : 2012
Objectif de voitures électriques d’ici 2020 : 100 000
Emplois liés à la filière électrique : 5000
Voitures électriques au Québec : 14 390
Voitures électriques dans le monde : 2 000 000
Bornes au Québec : 1650
Bornes rapides : 83
Bornes Tesla «Supercharger» : 38
Proportion de véhicules électriques au Québec
55 % hybrides rechargeables
45 % voitures entièrement électriques
Propriétaire moyen
45 ans, homme
86 % de tous les propriétaires
Salaire annuel médian de 65 000 $
Répartition des véhicules électriques au Québec
Montréal : 1789
Québec : 1276
Laval : 735
Terrebonne : 422
Longueuil : 406
Sherbrooke : 392
Gatineau : 292
Trois-Rivières : 286
Saint-Jean-sur-Richelieu : 224
Lévis : 212
Modèles les plus populaires au Québec
Chevrolet Volt : 44 %
Nissan Leaf : 20 %
Tesla Modèle S : 9 %
Source : l’Association des véhicules électriques du Québec