Puisque l’hébergement manque pour loger les migrants qui traversent la frontière à partir des États-Unis, le Stade olympique de Montréal s'est transformé en refuge pour les demandeurs d’asile.
Une première navette avec des gens voulant s’établir au pays en provenance de Saint-Bernard-de-Lacolle est arrivée mercredi matin au Stade. De jeunes enfants et une femme enceinte faisaient partie des passagers.
Environ 150 lits ont été aménagés pour accueillir ces migrants. De 300 à 450 personnes sont attendues et plusieurs d'entre elles seront d'origine haïtienne. Pas moins de 500 migrants haïtiens, qui craignent perdre leur permis de protection temporaire aux États-Unis, auraient traversé la frontière mardi seulement.
«Un avenir pour leurs enfants»
Jean-Philippe Guillaume, un membre de la communauté haïtienne qui apporte son aide à la jeunesse se réjouit de l’arrivée des migrants.
«Je lève mon chapeau au Canada pour les avoir acceptés et de les traiter au moins comme des humains, a dit ce Québécois, fils d’immigrants haïtiens. Soit ils retournent en Haïti, soit ils trouvent asile au Québec pour trouver un avenir pour leurs enfants.
«Je ne voudrais pas qu’ils retournent en Haïti parce que la situation y est vraiment déplorable, a-t-il ajouté. Je suis venu aujourd’hui pour m’impliquer, pour que l’insertion se fasse mieux.»
Poste temporaire
L’afflux de migrants illégaux venant des États-Unis se fait surtout sentir au Québec, où les douaniers canadiens ont dû se résoudre à installer en début de semaine un poste temporaire avec tentes, chaises et toilettes à Saint-Bernard-de-Lacolle.
Les chiffres sont éloquents: de janvier à juin, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a intercepté 3350 personnes au Québec, soit plus des trois quarts des interceptions au pays.
Et de ce nombre, une grande partie provient d’un passage irrégulier notoire sur le rang Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle.
Des sommets
Selon le Syndicat des douanes et de l’immigration, on a atteint des sommets la fin de semaine du 24 juillet, avec près de 400 personnes qui ont quitté les États-Unis pour entrer illégalement au Canada.
La GRC a installé lundi deux tentes, une trentaine de chaises et des tables au bout du rang Roxham, et a ajouté hier des éclairages et même deux toilettes mobiles. « C’est pour le confort de nos policiers et des gens qui arrivent », dit Érique Grasse, porte-parole de la GRC.
Une minorité de ces gens qui veulent vivre ici demeurent détenus. Ce sont ceux qui ont un passé criminel ou qui n’ont pas de papiers. Les agents des services frontaliers remettent en liberté la grande majorité des migrants, en attente d’une audience. Ces derniers, qui ont souvent peu de moyens, doivent patienter des semaines avant cette audience. En attendant un premier chèque d’aide sociale, différents organismes s’occupent d’eux. L’importante affluence à la frontière a toutefois forcé les autorités à trouver une solution du côté de l’hébergement.