Plusieurs voix des milieux politiques et de l’immigration s’élèvent pour critiquer sévèrement le gouvernement Trudeau qui semble se laver les mains de la vague de migrants qui prend de l’ampleur de jour en jour.
«Il y a peut-être des gens qui devraient revenir de vacances plus vite que prévu. Un gouvernement doit fonctionner 12 mois par année», exige Hélène Laverdière, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères.
Elle n’est pas la seule à juger que le gouvernement se traîne les pieds dans le dossier.
Même si son sentiment est partagé par des partis d’opposition, experts et par le syndicat des douaniers à qui «Le Journal» a parlé jeudi, le fédéral considère que la situation est «sous contrôle».
«C’est Ottawa qui a l’obligation d’accueillir ces personnes en tant que signataire de la convention de 1951 relative au statut de réfugiés», précise l’avocat en droit de l’immigration Stéphane Handfield.
«Rien fait»
À cause d’un accord avec les États-Unis, les demandeurs d’asile en provenance de ce pays sont automatiquement rejetés s’ils se présentent aux postes frontaliers réguliers, explique-t-il.
Même si de nombreux intervenants appellent à l’action cette semaine, l’avocate en immigration Stéphanie Valois souligne que le gouvernement n’a rien fait depuis des mois pour éviter cet afflux de personnes, qui pourrait encore s’empirer.
«La situation était pourtant prévisible», dit-elle.
Entre-temps, impossible d’obtenir du gouvernement une estimation du nombre de migrants qui traversent par des points de passage de fortune. Les données sur l’immigration d’août ne seront pas publiées avant encore plusieurs semaines, comprend-on des courriels d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
Les agents sur le terrain sentent aussi qu’Ottawa traîne à élaborer un plan pour endiguer le problème qu’ils voient grossir de jour en jour. Leur syndicat estime que le nombre de demandeurs d’asile coincé à Saint-Bernard-de-Lacolle en attendant que leur dossier soit traité est passé de 900 à 1200 jeudi.
Direction claire
«Le commandement sur le terrain attend une direction du gouvernement. Le fédéral doit nous donner une direction claire à savoir où aller à moyen terme», indique Jean-Pierre Fortin, président du syndicat des Douanes et de l’Immigration.
Depuis une semaine, le gouvernement Trudeau reste discret et évite de parler de crise.
«Je suis persuadé que la situation qui prévaut au Québec est sous contrôle total [...] Ça va très bien, on a vu des années où le nombre de demandeurs était plus élevé», indique Serge Cormier, secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
Une douzaine d’employés supplémentaires ont été ajoutés au centre de traitement de Montréal et le ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, a visité le poste frontalier de Lacolle la semaine dernière, illustre-t-il en guise d’actions prises par son gouvernement.
À Québec
L’arrivée massive de migrants monopolise aussi l’attention des partis d’opposition à Québec. Le Parti québécois a écorché au passage la gestion et le silence du gouvernement Trudeau, qu’il accuse de ne rien faire pour diminuer la crise.
«Si au moins les gens qui sont en capacité de travail pouvaient travailler, subvenir à leurs besoins et ne pas être dépendants de la société, ce serait mieux», indique son chef Jean-François Lisée.
Pour sa part, François Legault, de la CAQ, trouve que la «capacité d’accueil» du Québec est déjà atteinte, et exige que cessent les traversées «illégales».