Marie-Rose Paul sait ce que vivent les demandeurs d’asile qui arrivent ces derniers jours. Elle est passée par là il y a près de 30 ans. Depuis, elle a réussi sa vie au Canada et maintenant veut leur donner la même chance.
Avec sa fille, elle récolte maintenant des couches, de la vaisselle et de la nourriture pour leur offrir le minimum, en attendant qu’ils volent de leurs propres ailes.
«Quand je suis arrivée ici, j’étais comme eux, je n’avais qu’un sac dans mes mains et ma fille dans mon ventre», se souvient-elle.
Malgré cela, elle a travaillé d’arrache-pied afin d’obtenir un baccalauréat à l’Université de Montréal et d’ouvrir la Garderie des Anges Gardiens dans le quartier Saint-Léonard à Montréal.
Elle veut maintenant donner la chance à ceux qui traversent la frontière de prouver qu’ils peuvent être utiles au Québec.
Dans bien des cas, se retrouver dans la ville, louer un appartement et avoir de la vaisselle sont les premières étapes, explique sa fille.
Besoin de tout
«Ils n’ont même pas de poêlon, de fourchette, quand ils arrivent [...] on aimerait au moins leur donner ça pour leur permettre de vivre correctement», explique sa fille, Marie-Canedza Saint-Surin, 18 ans, qui est officiellement responsable des collectes.
Celles-ci se dérouleront tous les samedis jusqu’à la fin août. «On a besoin de tout, surtout des matelas, de la vaisselle», indique Mme Saint-Surin.
Déjà samedi, une vingtaine de personnes étaient venues porter quelques sacs.
Ces dons seront distribués aux demandeurs d’asile qui quittent petit à petit les bâtiments où ils sont temporairement logés un peu partout à Montréal.
Les deux femmes confient qu’elles aident aussi de nombreux Haïtiens qui viennent d’arriver à traduire certaines choses puisque ces derniers ne parlent que le créole.
«Plusieurs viennent nous voir simplement pour nous demander c’est où Montréal Nord, c’est où Saint-Michel, c’est où Pointe-aux-Trembles, décrit Mme Paul. La boîte vocale est toujours pleine.»
Lutter pour rester
Marie-Rose Paul se souvient d’avoir eu à lutter pour pouvoir rester au Canada. Elle a dû engager un avocat de l’aide juridique lorsque sa première demande de résidence a été rejetée.
Le jour de son audience, elle a demandé à prendre la parole. «Le juge m’a demandé pourquoi il devrait me donner le papier pour rester, raconte-t-elle. Je lui ai alors répondu que je ferais tout mon possible pour aider la société québécoise.»
Elle souhaite que le plus d’Haïtiens puissent rester au Québec.
«On aime vraiment Haïti, c’est chez nous, mais lorsque notre vie est en danger, on ne peut tout simplement pas y retourner.»