D'habitude, c'est pour s'amuser que Bryan Curtis sort sa motomarine. Mais dimanche, c'était pour aller secourir ceux bloqués par la brusque montée des eaux provoquée par la tempête Harvey au Texas.
Voyez dans la vidéo ci-dessous des scènes inusitées filmées depuis le début de la tempête.
Cet habitant de Conroe, juste au nord de Houston, participe aux côtés de nombreux autres civils aux opérations de secours.
«À dire vrai, en ce moment, je ne pense même pas à moi. C'est juste que les gens ont besoin d'aide», confie-t-il à l'AFP. «Je suis là pour les aider, je veux apporter ma pierre».
Avec des services de secours totalement dépassés par l'ampleur du désastre à Houston --la plus grosse ville du Texas et la quatrième des États-Unis-- les volontaires ont vite trouvé à s'employer.
Certains ont formé des chaînes humaines, d'autres ont vite mis en marche le moteur de leur bateau pour transporter en lieu sûr des personnes coincées par les flots.
Des rues entières de Houston se sont retrouvées transformées en canaux, rendant impossible la circulation automobile. Seuls d'énormes camions parvenaient encore à passer, remplis de personnes évacuées tout heureuses d'avoir pu y grimper.
Le cumul total des précipitations pourrait atteindre 127 cm d'ici jeudi, d'après le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC).
L'ouragan Harvey, le plus puissant à frapper le Texas depuis 1961, a frappé la côte texane vendredi soir avant de redevenir tempête. Il a fait au moins trois morts alors que des zones entières restent encore inaccessibles.
«Nous passons au peigne fin les quartiers et lançons des appels avec des haut-parleurs pour attirer l'attention des gens et leur demander "hé, vous êtes prêts à évacuer?"», explique un policier local, Alan Rosen, à la télévision locale KTRK TV.
«Nous sommes inondés, voilà. Il n'y a pas assez de moyens --il n'y a jamais assez de moyens-- pour tourner partout et secourir tout le monde», dit-il après avoir fait grimper des dizaines de personnes sur un véhicule de sauvetage. «Nous faisons vraiment de notre mieux».
En pleine nuit, samedi, une patrouille a aperçu un homme accroché à un arbre. Les policiers ont alors formé une chaîne humaine au travers d'un bayou pour lui venir en aide. Une photo du rescapé, tout sourire, a ensuite été postée sur le fil Twitter de la police locale.
Le bateau reste souvent le seul moyen pour aller chercher ceux que l'eau a coupés du monde. James Lofton, un habitant de la banlieue de Spring Valley, a ainsi multiplié les allers-retours avec le sien pour convoyer les résidents d'un hôtel voisin, l'Omni.
«Nous avons transporté les gens depuis l'Omni pendant tout l'après-midi», a-t-il expliqué à l'AFP.
L'une des dernières à quitter l'hôtel était une femme qui venait d'être opérée du dos: elle a dû être transportée à bord avec le plus grand soin. «Manifestement elle souffrait beaucoup, c'était un trajet très douloureux pour elle», se remémore James Lofton.
De son côté, Bryan Curtis raconte avoir contacté les services de secours avec un ami pour proposer leurs services avec leurs scooters des mers. «On attend simplement leurs appels pour savoir où ils ont besoin de nous».
Des hélicoptères ont effectué les sauvetages les plus spectaculaires, en hélitreuillant des habitants échoués dans les étages supérieurs de leurs maisons.
La chaîne ABC locale a ainsi filmé un père et son fils âgé de six ans, tous deux prénommés Jeremiah, escalader de justesse une fenêtre pour se glisser dans une nacelle de fortune qui se balançait depuis un hélicoptère, avec chacun un sac sur le dos. «C'est tout ce qui nous reste», lance le père, «nous remercions Dieu, nous remercions Dieu».