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Yoga sur les lieux de la catastrophe

Caroline Lepage

Rolande Richard est encore profondément marquée par la nuit où le centre-ville de Lac-Mégantic a flambé sous ses yeux. Samedi, la dame de 80 ans s’est jointe à plus de 300 autres personnes pour une séance de yoga géante sur les lieux de la tragédie.

La nuit du 6 juillet 2013, le ciel est devenu tout rouge, se rappelle Mme Richard.

«Je n’arrêtais pas de pleurer», dit-elle.

L’explosion des 72 wagons de pétrole a été un véritable choc pour la dame, mais elle n’osait pas en parler. Elle s’est isolée pendant deux ans, se répétant que d’autres avaient vécu sûrement bien pire.

«J’avais quand même perdu ma ville et mes repères», confie-t-elle cependant.

L’octogénaire atteinte de la maladie de Parkinson et d’arthrose s’est tout de même rendue samedi au parc des Vétérans, dans la zone rouge, où 47 personnes ont péri dans les explosions.

«Ça me touche encore, admet Mme Richard qui a fait ses exercices de yoga assise sur une chaise. Ça m’apporte du calme et de la sérénité.»

Elle pratique aussi le yoga au sein d’un groupe chaque semaine.

Ce rassemblement annuel a été lancé l’an dernier par Sonia Dumont et Sylvie Bilodeau. Il vise à aider la population à faire la paix avec la tragédie qui l’a anéantie, en revenant sur les lieux de la catastrophe survenue il y a quatre ans.

Plus serein

«L’année passée, les gens avaient eu beaucoup d’émotions. Ils étaient bloqués. Les larmes coulaient», raconte Mme Bilodeau, qui suggère toujours aux adeptes de yoga «d’accueillir» ce qu’ils ressentent.

Cette année, l’ambiance était plus sereine. Sous le soleil, les participants, majoritairement des femmes, suivaient avec synchronisme les consignes des quatre instructeurs qui ont tenu à tour de rôle un atelier de yoga au bord du lac Mégantic.

De la musique zen accompagnait les mouvements des adeptes, les mantras, les exercices de respiration ou de relaxation, etc.

Les gens se recueillaient en silence.

«Le yoga, c’est très puissant. C’est une façon de relâcher les muscles et les tensions. C’est un chemin de guérison», soutient Mme Bilodeau.

Bienfaits

Bon nombre de femmes en ont ressenti les bienfaits. C’est notamment le cas de Jacqueline Lamontagne, qui a découvert cette discipline grâce à Yoga-Mégantic l’an dernier.

«J’ai flotté pendant deux jours», s’exclame celle qui tenait à revenir cette année.

Selon elle, l’incendie qui a ravagé le centre-ville de la municipalité de l’Estrie avait laissé une énergie négative dans ce parc.

Ce lieu collectif a été transformé en un véritable chantier durant les longs travaux de décontamination.

«On voulait lui redonner de bonnes vibrations. C’est une catastrophe d’une ampleur inégalée», commente Mme Dumont.

Pour cette organisatrice, cette tragédie offre désormais une occasion de se reconstruire, individuellement et collectivement.

En souvenir

«Ce fut un drame, mais maintenant, on vit plein de belles choses grâce à ça», avance Stéphanie Girardeau.

Cette journée de yoga, à laquelle elle participe avec son amie Mélanie Gagné, en est un bel exemple.

«C’est intéressant de revoir notre monde. On est tous ensemble», souligne Mme Girardeau.

Les deux Méganticoises ont perdu une bonne amie lors de cette nuit d’horreur. Celle-ci ne quitte pas leurs pensées, même si elles ont fait leur deuil, depuis quatre ans.

«Elle serait probablement avec nous aujourd’hui», lancent les deux copines.

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