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Le calme avant la tempête à la frontière canadienne?

JOEL LEMAY/AGENCE QMI

À la veille d’une autre décision de Donald Trump qui pourrait cette fois-ci renvoyer près de 800 000 jeunes immigrants vivant aux États-Unis dans leur pays d’origine, les demandeurs d’asile se faisaient rares à la frontière canadienne lundi.

Moins d’une dizaine de migrants, presque tous des Haïtiens, ont traversé la frontière de manière irrégulière entre 13 h et 17 h au bout du chemin Roxham, dans le nord de l’État de New York.

Lors du passage du «Journal de Montréal», il y a deux semaines, ils ont été au moins 50, dont de nombreux enfants, à passer au Canada durant la même période de la journée, et ce, deux jours d’affilée.

Depuis le début de l’été, plus de 9000 demandeurs d’asile sont arrivés au Québec en traversant la frontière de façon irrégulière.

La majorité d’entre eux sont des Haïtiens qui ont décidé de fuir les États-Unis avant que Donald Trump ne mette fin aux visas de protection temporaire qui leur avaient été accordés en 2010 après le tremblement de terre dans leur pays.

Le syndicat des douaniers a indiqué le week-end dernier que plus de 150 personnes avaient demandé l’asile jeudi et vendredi passés, comparativement à une centaine de personnes les jours précédents. Ce nombre pouvait atteindre 500 au début du mois d’août.

De son côté, l’Agence des services frontaliers du Canada dit ne pas avoir noté de croissance dans l’afflux des migrants dernièrement.

Or, cette accalmie pourrait n’être que passagère.

Selon le site spécialisé Politico, le président américain doit annoncer mardi la fin d’un programme d’amnistie qui permettait à près de 800 000 immigrants sans-papiers de rester légalement aux États-Unis.

«Dreamers»

Instauré par l’ex-président Barack Obama en 2012, le programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) permettait aux jeunes arrivés illégalement aux États-Unis avant l’âge de 16 ans d’être protégés d’une éventuelle expulsion du sol américain, mais aussi de travailler et d’étudier.

On les appelle les «Dreamers» [rêveurs] et ils sont en majorité originaires d’Amérique latine. Ils sont aujourd’hui surtout établis en Floride, en Californie, au Texas et dans l’État de New York.

«C’était basé sur l’idée qu’un enfant ne devrait pas être pénalisé pour une décision prise par ses parents», explique Andréanne Bissonnette, chercheuse en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis.

Selon elle, ces immigrants sont maintenant des cibles faciles, car ils ont donné une foule d’informations personnelles, comme leur adresse, lors de leur inscription au DACA.

«Les autorités vont pouvoir les arrêter facilement si le projet de Trump va de l’avant», dit-elle.

Délai ?

Le président américain prévoit accorder un délai de grâce de six mois avant que sa décision ne prenne effet. Cela donnera aussi le temps au Congrès d’élaborer un dispositif de remplacement du programme.

Selon Mme Bissonnette, le projet de Trump est d’ailleurs loin d’être réalisé. « Ça serait étonnant que le Congrès ne se prononce pas du tout sur la question », dit-elle.

Elle doute aussi que les immigrants visés décident de venir au Canada dans les prochaines semaines.

«On n’est vraiment pas rendus là. Avant de voir un afflux à l’extérieur des frontières, on va peut-être voir une augmentation des demandes d’aide juridique pour essayer de légaliser leur statut d’une autre façon», dit-elle.

Le gouvernement américain étudie actuellement les permis de séjour temporaires des ressortissants de 10 pays, dont ceux du Soudan, de la Syrie et du Salvador.

- Avec l’AFP et l’Agence QMI

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