Le gouvernement canadien recherche activement des interprètes créoles pour répondre à l’arrivée massive au Québec de demandeurs d’asile d’origine haïtienne cet été.
« [Nous sommes] en pleine période de recrutement d’interprètes dans plusieurs langues, dont le créole d’Haïti. Compte tenu du nombre de demandeurs d’asile haïtiens qui affluent actuellement au Québec, il s’agit d’un besoin pressant », indique la Commission de l’immigration et du statut de réfugiés (CISR), dans un courriel envoyé au Journal de Montréal.
Depuis le début de l’été, près de 10 000 personnes, dont une majorité d’Haïtiens, ont traversé la frontière canadienne de manière irrégulière pour demander le statut de réfugié.
Ces immigrants doivent passer une entrevue sur l’admissibilité de leur demande d’asile au bureau de l’Agence des services frontaliers du Canada à Montréal, dont les délais actuels peuvent dépasser six mois. Ils sont ensuite convoqués à une audience de la CISR où ils doivent exposer les raisons pour lesquelles ils souhaitent rester au pays.
Manque
« Le problème, c’est que la majorité de ces audiences se déroulent en présence d’interprètes, explique l’avocat spécialisé en immigration, Stéphane Handfield. Mais comme ils ne peuvent pas se dédoubler... Est-ce qu’on va se retrouver dans une situation de manque ? »
« Et ce ne sont pas seulement des demandeurs d’asile haïtiens... il y a des Syriens, des Yéménites, des Mexicains... ils ont besoin d’interprètes aussi », poursuit l’avocat.
De son côté, la CISR indique que ses « efforts en vue de recruter de nouveaux interprètes sont déployés à l’échelle nationale et régionale ».
Elle assure aussi que plusieurs nouveaux interprètes ont entamé le processus d’accréditation et en sont à la dernière étape du processus de vérification de sécurité du gouvernement, sans toutefois donner de chiffres ni de détails sur la spécialisation de ces traducteurs.
Selon Me Handfield, la Commission est déjà embourbée et il craint que le gouvernement n’ait agi trop tard.
Audiences reportées
« Il y a de plus en plus d’audiences qui sont reportées pour des raisons administratives depuis peu. Avant, ça arrivait seulement de temps en temps », déplore-t-il.
De son côté, la traductrice créole Marie-Eveline Charest estime que le gouvernement frappera un mur s’il n’embauche pas maintenant.
« C’est sûr qu’il y a un manque. Et ce n’est pas facile de trouver de bons interprètes. C’est sensible et il faut chercher », explique la dame.
La CISR doit fournir des services d’interprétation à toute partie qui ne comprend pas ou ne parle pas l’une des deux langues officielles.