Ceux qui espèrent que la Caisse de dépôt et placement cesse d’investir dans le pétrole pourraient voir leur souhait exaucé. Pour la première fois, son président, Michael Sabia, semble entrouvrir la porte à cette option.
M. Sabia n’écarte pas la possibilité d’imposer un moratoire sur les investissements dans l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon, comme l’a fait cet été le Mouvement Desjardins. La coopérative est en réflexion afin de déterminer si ce moratoire sera levé ou s’il deviendra permanent.
«Restez à l’écoute. Nous faisons beaucoup de travail sur ce sujet, qui est important et complexe. [On examine] nos investissements dans ce secteur, l’importance de notre empreinte de carbone, les mesures qu’on va prendre, les niveaux de nos investissements dans les [énergies] renouvelables faibles en carbone. Vous allez voir dans l’avenir notre position», a affirmé M. Sabia, en réponse à une question du «Journal de Montréal».
Manifestants
Des manifestants sont attendus vendredi devant le siège social de la Caisse, à Montréal, afin de dénoncer les investissements de celle-ci dans les énergies «sales».
La Caisse de dépôt a augmenté sa participation dans l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon en 2016, et cumulerait des placements de 16,7 milliards $ dans ce secteur, selon les calculs de l’organisme Recycle ta Caisse.
Ceux-ci représentent environ 6,2 % du portefeuille de la Caisse en 2016, contre 4,9 % l’année précédente.
Desjardins y pense
Le Mouvement Desjardins a lui aussi amorcé une réflexion. Le rendement des investissements n’est pas la seule variable dont il faut tenir compte, il y a aussi les aspects moraux, éthiques et environnementaux, selon le président Guy Cormier.
«On est en réflexion. On ne veut pas juste faire du rendement, on veut être là pour les communautés. C’est pour ça qu’on les écoute.»
L’industrie hausse les épaules
Ces préoccupations morales et environnementales de la Caisse et de Desjardins n’ont pas semblé indisposer l’industrie pétrolière.
«Ça ne nous inquiète pas vraiment, car le marché des capitaux privés est très grand et international», a fait valoir en entrevue au «Journal» Jeff Gaulin, le vice-président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers.
«Je respecte les institutions au Québec qui ont décidé d’arrêter les investissements dans notre secteur, mais il y a de grands investisseurs à l’international qui vont transporter notre ressource. Les Chinois ou les Indiens vont en importer», a-t-il ajouté.
- Avec la collaboration de Francis Halin