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Stephen Paddock: le tueur silencieux était un étranger pour ses voisins

Dans la macabre histoire des fusillades de masse aux États-Unis, c'est presque un cliché: un tueur solitaire avançait en sous-marin au sein d'une communauté qui n'avait rien vu venir.

Stephen Paddock, l'auteur de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire américaine moderne, qui a abattu 59 personnes à Las Vegas dimanche, vient de rejoindre ce sinistre club.

Ses voisins de Mesquite, une ville de casinos en plein boum dans le Nevada à la frontière de l'Arizona (sud-ouest), ne cachaient pas leur stupéfaction et leur horreur mardi en découvrant qu'il avait fomenté ses lugubres plans au sein de leur petite ville de moins de 20.000 âmes.

«Je n'avais pas réalisé jusqu'à ce que je commence à regarder les infos qu'il y avait un fou qui habitait ici. Quand j'ai entendu qu'il vivait à Mesquite et que j'ai vu tous ces embouteillages, c'est là que j'ai compris», a raconté à l'AFP Rod Sweningson, dont la maison se trouve à quelques mètres du bungalow ocre de Paddock.

M. Sweningson dit avoir été alarmé quand les agents du FBI sont arrivés au petit matin lundi, prévenant les voisins qu'ils allaient entendre une déflagration tandis que les agents de la police fédérale forçaient l'entrée de la maison du tueur.

Plus tôt pendant la nuit, la police avait trouvé 23 armes à feu dans la chambre de Paddock au 32e étage du luxueux hôtel Mandalay Bay sur le «strip» de Las Vegas.

À Mesquite, étape sur la route entre Las Vegas et Salt Lake City, «tout était très silencieux hier», constate Teri Nehrenz, une journaliste pigiste pour un quotidien local.

«Nous avions des proches qui étaient au concert. Un couple a été blessé, mais va bien. Un autre est revenu indemne, Dieu merci», ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP.

M. Sweningson décrit Mesquite comme une «communauté tranquille un peu assoupie» où tout le monde se sentait en sécurité: «On ne songeait même pas à fermer nos portes à clé».

Il admet que, même si Paddock vivait parmi eux, ses voisins ne le voyaient presque jamais.

«On s'est peut-être croisé en allant chercher le courrier - c'est sans doute arrivé plusieurs fois -, mais même maintenant, en regardant les informations, je ne le connais pas», poursuit-il.

Teri Nehrenz souligne que Paddock est passé «complètement inaperçu» à Mesquite depuis qu'il avait quitté la Floride il y a deux ans.

«Il fréquentait les casinos (...), mais restait aux machines à sous. Il n'interagissait pas avec les agents de sécurité de l'hôtel, ne causait jamais de problème», énumère-t-elle, interrogée par l'AFP.

D'après elle, un des voisins de Paddock a déclaré qu'il l'avait entendue tenir des discours politiques amers, sans toutefois préciser contre qui ou quel parti.

Mais dans cette petite commune où vivent beaucoup de personnes âgées aisées, «les gens respectent la tranquillité des autres. Personne ne s'occupait de ses affaires», fait-elle valoir.

Cathy Brumandgin, caissière dans un magasin «discount» Dollar Tree à quelques kilomètres de la maison de Paddock, s'est un soir de juillet retrouvée par hasard à dîner avec le meurtrier.

«Il était assis là. On était six. Nous étions quatre d'une même famille, et il était avec sa petite amie». «Il s'est plaint du vin», ajoute-t-elle.

Teri Nehrenz se dit particulièrement perturbée d'avoir vécu si près d'un assassin, car ce n'est pas la première fois: elle a habité dans l'Ohio dans une ville près d'où vivait un tueur en série notoire, le «Cannibale de Milwaukee» Jeffrey Dahmer.

«C'était déjà assez terrible, et maintenant ça», dit-elle en fondant en larmes.

«Ça me touche d'un peu trop près. On croit toujours être protégé de ce genre de choses et on prend une claque dans la figure en réalisant que ce n'est pas le cas», ajoute la quinquagénaire.

Elle assure toutefois que la communauté de Mesquite «est forte. C'est l'une des meilleures. On va se relever».

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