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Harding s’était déjà fait reprocher d’appliquer trop de freins

AUDRÉ KIEFFER / AGENCE QMI

Thomas Harding s’était fait critiquer dans le passé par un dirigeant de la MMA parce qu’il appliquait trop de freins à ses locomotives. Il avait aussi l’ordre de garer son convoi de pétrole dans la voie ferrée principale à Nantes, a-t-on appris jeudi matin.

Me Thomas Walsh, l’avocat de Harding, a vigoureusement contre-interrogé, jeudi, celui qui dirigeait l’enquête de la Sûreté du Québec, Mathieu Bouchard. Harding et deux autres anciens employés, Jean Demaitre et Richard Labrie font face à des accusations de négligence criminelle causant la mort des 47 victimes de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013.

M. Bouchard s’est défendu devant les 14 membres du jury, au palais de justice de Sherbrooke, que l’enquête de la SQ avait été menée en profondeur. Les enquêteurs se sont déplacés environ cinq fois aux États-Unis pour interroger 31 employés de la MMA, avec la collaboration d’autorités policières américaines, comme le FBI. Pas moins de 53 000 fichiers informatiques auraient été saisis et analysés.

«Notre priorité était d’avoir la vérité sur cette tragédie», a déclaré M. Bouchard.

Questions au cœur du litige

Pourtant, Me Walsh lui a demandé s’il se souvenait d’un courriel du dirigeant de la MMA, où il reprochait au conducteur de train Thomas Harding d’appliquer trop de freins automatiques. La compagnie demandait aussi d’éteindre le moteur des locomotives, en été, pour économiser le carburant.

De plus, le procureur a questionné l’enquêteur s’il savait pourquoi la technologie qui devait activer un freinage d’urgence sur la locomotive 5017, qui a pris en feu à Nantes avant que le train de pétrole parte à la dérive, le 6 juillet 2013, n’était pas fonctionnelle.

Il a également contre-interrogé M. Bouchard s’il s’était informé, lorsqu’il a rencontré les responsables de la maintenance des trains de la compagnie, dans le Maine, pourquoi le piston qui était toujours défectueux de la locomotive 5017, la nuit du déraillement, avait été mal réparé.

Me Walsh s’est également informé si M. Bouchard avait enquêté pour comprendre pourquoi le pétrole que transportaient les wagons-citernes que conduisait Harding lors de la tragédie était beaucoup plus volatile que celui identifié, sans quoi l’explosion de Lac-Mégantic n’aurait jamais connu cette ampleur.

«Il y a eu un problème d’étiquetage», a admis l’enquêteur.

Pour Me Walsh, le fait que ces questions, qui lui semblent au cœur du litige, n’ont pas toutes été élucidées lui fait croire que l’enquête policière était dirigée dès le début pour que les trois accusés servent de boucs émissaires.

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