Les États-Unis ont annoncé vendredi des mesures «préliminaires» antidumping visant les importations d'avions commerciaux C Series de Bombardier, une semaine après avoir pris des droits compensatoires sur ces mêmes appareils.
Bombardier conteste sur toute la ligne cette interprétation. «Nous sommes en profond désaccord avec la décision préliminaire du département du Commerce», a fait savoir l’entreprise.
L’entreprise considère qu'il s'agit d'une «application excessive et totalement inappropriée de certaines lois américaines», dit-elle dans un communiqué.
Bombardier affirme que le département américain du Commerce utilise une approche qui ne prend pas en compte les réalités du marché de l'industrie aéronautique ajoutant que son compétiteur, Boeing, a vendu ses avions sous le prix coûtant pendant des années.
«Une telle hypocrisie est étonnante et devrait être extrêmement troublante pour tout importateur de produits complexes de haute technologie», soutient Bombardier.
Malgré tout, Bombardier reste confiant et croit que la Commission du commerce international des États-Unis plaidera en sa faveur.
Peu de réactions des employés
Cette nouvelle surtaxe imposée à Bombardier crée beaucoup de déception, mais les employés restent toutefois prudents dans leurs commentaires.
Certains ont expliqué qu'ils n'avaient pas le droit de commenter. Ceux qui ont accepté de parler ont affirmé qu'il s'agissait d'une décision abusive.
«Ça n'a pas de bon sens, c'est ridicule. C'est une mascarade, je pense, a avancé un employé d'une usine montréalaise. C'est politique beaucoup, c'est du protectionnisme américain.»
«Je ne sais pas comment quelqu'un peut se permettre un avion à ce prix-là. C'est sûr que c'est inquiétant pour la business, de dire un autre employé. Chez Bombardier, on a une culture de se battre très fort pour arriver à nos fins.»
Pas surpris
Le Syndicat des Machinistes, qui regroupe plusieurs employés de Bombardier, n’est pour sa part pas surpris de la décision du DOC. «Cette décision me fait dire de nouveau que les dés sont pipés dans ce dossier», a dit le coordonnateur québécois David Chartrand.
«Si cette tendance se confirme, nous risquons des pertes d’emplois des deux côtés des frontières et si notre industrie aérospatiale tombe malade, c’est l’ensemble de la société et de l’économie qui en sera affecté. L’aérospatiale est le secteur qui génère le plus de valeur ajoutée dans l’économie», a-t-il ajouté.
«J’avoue avoir du mal à accepter la tournure que prennent les évènements depuis une dizaine de jours. Je me demande si ces gens ont conscience que dans leurs démarches pour éliminer la C Series du paysage aérospatial, ils risquent de bouleverser la vie de milliers de travailleurs et de travailleuses.»