Plus d’un milléniaux sur deux (54 %) souhaite démarrer sa propre entreprise, selon un sondage réalisé par la firme Léger Marketing pour le compte du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Pour cette génération, il s’agit de la meilleure façon de s'accomplir personnellement.
«Je fais l'administration, je fais ma comptabilité, je fais mes soumissions, je vais faire le produit, je vais être le livreur. (...) Mes parents m'ont dit: pourquoi tu ne fais pas comme les autres? Justement, je ne suis pas comme les autres», a expliqué à TVA Nouvelles l'artisan-ébéniste Mathieu Jean, également copropriétaire de l'entreprise Rabot D. Bois. Son associé et lui ont acquis l'entreprise établie à Sainte-Anne-des-Monts au cours de la dernière année.
La coordonnatrice d'Entrepreneuriat UQAR, Marie-Josée Richard, y voit bien là ce qui attire les jeunes à devenir leur propre patron.
«Se lancer en affaires leur permet de, oui, se trouver un emploi et de peut-être en créer d'autres. Mais aussi de mettre de l'avant un projet qui est en lien avec leurs valeurs, et qui est porteur», a dit Mme Richard.
Ce sondage a été dévoilé en marge d'une tournée qui s'est arrêtée mardi soir en sol rimouskois pour faire la promotion du modèle coopératif auprès des jeunes. Un modèle qui semble avoir des échos dans la région bas-laurentienne.
«Veut, veut pas, on essaye de concentrer les achats locaux, de faire la promotion des entreprises dans la même région. Donc, le fait que tout le monde se fasse des petites entreprises dans plusieurs services, ça crée l'autonomie d'une ville», a expliqué Aude Brillant, qui est non seulement copropriétaire du salon A.S. Esthétique, mais aussi trésorière de la coopérative d'escale Riki-Bloc. Pour elle, le travail d'équipe permet de partager les bons coups et de mieux encaisser les moins bons.
Bien que son choix de carrière ne soit pas définitif, Marion Szymczak, étudiante de 24 ans en littérature à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), envisage de se tourner vers la gestion d'une entreprise coopérative. «Je ne veux juste pas dépendre d'un patron. Je veux essayer de me sortir de ce système-là. (...) Pour moi (la coopérative) c'est plus humain», a dit la jeune femme.
D'origine polonaise, mais de nationalité française, elle soutient que le modèle québécois est diamétralement opposé de celui des Européens. Elle s'est étonnée, par exemple, de voir la création de monnaies locales ou encore de voir la générosité et le support entre les Québécois.
Cet attrait des jeunes pour l'économie sociale est si important qu'il incite l'UQAR à lancer un programme court sur le mouvement coopératif dès l'hiver prochain.
«La coopération, c'est un mouvement qui a le vent dans les voiles, l'économie sociale aussi. C'est vraiment de bien asseoir les formations des gens qui sont déjà en poste, ou qui veulent le devenir en coopération», a soutenu la professeure en développement territorial et responsable de la formation, Geneviève Brisson.
Selon ce sondage, 48 % des jeunes de la génération Y disent vouloir participer au développement de leur collectivité. Reste à voir si ces statistiques se transformeront en projets concrets.