Airbus est devenu le garant de la pérennité du programme des avions C Series pour des acheteurs qui craignaient pour la survie du service après-vente, croit le spécialiste de l’aéronautique Merhan Ebrahimi.
En entrevue à Mario Dumont à LCN, M. Ebrahimi a confié que le mariage de raison entre le géant européen et l’entreprise québécoise permettra de balayer les craintes de possibles acheteurs.
«Avec les commandes relativement faibles, l’impression c’était que la C Series n’avait pas d’avenir. Cette alliance vient de dire que désormais, le garant de la pérennité, c’est Airbus», a expliqué le directeur du Groupe d'étude en management des entreprises de l'aéronautique, à l’UQAM.
Il a souligné la difficulté et la complexité de «la chaîne de production, de vente et de service après-vente dans le domaine de l’aviation [...] ça coûterait extrêmement cher d’avoir un service [similaire pour Bombardier]. Airbus va s’en occuper [maintenant].»
Rappelons qu’Airbus est devenue depuis lundi actionnaire majoritaire du programme d’avion C Series. Le président et chef de la direction d’Airbus, Tom Enders, et le PDG de Bombardier Alain Bellemare se sont d’ailleurs exprimés vendredi sur cette annonce devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
La discussion a «permis de clarifier des choses assez importantes» dans la transaction entre les deux entreprises de l’aérospatiale, a fait savoir le spécialiste.
Si le maintien des emplois au Québec a été souvent abordé, Merhan Ebrahimi estime qu’avec la force de frappe d’Airbus, qui permettra d’aller chercher des commandes en Asie et ailleurs, [«on va fabriquer beaucoup d’avions»], «il est évident que les choses vont bouger dans notre grappe industrielle, c’est évident».
«Aujourd’hui [Bombardier] a une capacité de production qui est très faible. Avec le savoir-faire d’Airbus, on va accélérer et augmenter la cadence», a-t-il noté.
Attentions aux sous-traitants
Reste que selon lui, les petits fournisseurs québécois de la chaîne d’apprivoisement devront trouver une nouvelle stratégie. Dans les produits à faible valeur ajoutée, comme les boulons et les pièces métalliques, «on sera en concurrence avec les compagnies marocaines. Il est évident qu’on ne pourra pas vendre des pièces au même prix qu’une compagnie marocaine», a-t-il dit.
«C’est important pour nous de prendre les choses en main et d’essayer de faire que les compagnies qui sont dans le bas de gamme progressent à un niveau supérieur», a-t-il spécifié.
Avec l’entente Airbus-Bombardier, ces entreprises à basse à valeur ajoutée vont souffrir tandis que pour les autres «qui ont un savoir-faire, cette créativité québécoise», il y a un marché qui va s’ouvrir pour eux, croit toutefois Merhan Ebrahimi.