C’est entouré de mystère qu’un film d’animation mettant en scène les figurines des Playmobil est en cours de développement à Montréal par les studios français ON Animation Studios. Des centaines de personnes s’affairent en ce moment à faire vivre à ces jouets iconiques des aventures trépidantes.
En quelques années, la métropole québécoise est devenue un lieu prisé des studios d’animation, il suffit de mentionner des œuvres comme «Le Petit Prince» ou «Ballerina» pour constater à quel point Montréal est désormais incontournable dans ce domaine.
En plein cœur du centre-ville de Montréal, la compagnie française ON Animation Studios travaille à porter les Playmobil au grand écran. Depuis environ trois ans, l’équipe dédiée au projet et chapeautée, chez nous, par le producteur Alexis Vonarb planche sur la meilleure manière d’animer ces jouets qui continuent de bercer l’enfance de millions de jeunes ou de ravir des adultes passionnés. Le studio indépendant n’en est pas à son coup d’essai. Forte de son adaptation libre du «Petit Prince» d’après l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, la compagnie a obtenu une reconnaissance mondiale, le dessin animé de 2015 étant devenu le plus grand succès mondial pour un film d’animation français.
Entouré de mystère
Même si le projet doté d’un budget de 75 millions $ est en développement depuis plusieurs années, plusieurs détails ne sont pas encore publics. En entrevue, Alexis Vonarb indique vouloir annoncer ultérieurement le titre définitif – «Playmobil: le film» étant un titre de travail -, les acteurs choisis pour le doublage de la version en anglais et l’histoire vécue par les figurines. Il accepte néanmoins de donner quelques indices au cours de la conversation.
Oui, «le film sera en relief», dit-il. Mais, contrairement au «Petit Prince», l’équipe ne mélangera pas animation par ordinateur et «stop motion», c'est-à-dire l’animation en volume. Le producteur promet une «surprise» technique aux cinéphiles pour ce «long métrage familial» qui a pour objectif de rallier les amoureux des Playmobil de tous âges. De plus, si le succès est au rendez-vous pour le premier film, d’autres suivront, ces jouets étant le véhicule idéal pour développer une franchise cinématographique.
À la réalisation, on trouve Lino DiSalvo, bien connu dans l’industrie pour avoir été chef de l’animation de «La reine des neiges» de Disney. La musique, elle, est assurée par Heitor Pereira, l’homme derrière la trame sonore de «Détestable moi 3». Un soin tout particulier a été porté afin de ne pas faire de ce «Playmobil: le film» un dessin animé pour garçons, le responsable rappelant au passage que la compagnie allemande a toujours eu pour objectif d’inclure les petites filles, l’introduction des figurines féminines datant de 1976, soit deux ans après la sortie des premier jouets de la gamme.
Les premières figurines mises sur le marché ont été un chevalier, un Amérindien et un travailleur de la construction. Les amateurs peuvent donc s’attendre à retrouver, à l’écran, plusieurs modèles de Playmobil célèbres, voire «vintage» et des clins d’oeil. Les pirates? Motus et bouche cousue, même si, quand on lui demande quel est son jouet préféré, Alexis Vonarb cite immédiatement «le bateau de pirates» avec lequel il s’est amusé lorsqu’il était enfant. «Ils ont aussi fait une ligne sur l’exploration spatiale avec une base lunaire dont j’étais très fan. C’étaient mes jouets de référence dans ma jeunesse.» Il en profite pour insister sur le fait que le long métrage respectera la manière dont les Playmobil facilitent le jeu basé sur l’imagination et la créativité.
Au travail... ou au jeu?
Animer des Playmobil en collaboration étroite avec la firme allemande est un travail sérieux pour l’équipe de 150 personnes actuellement affectée au projet, ce nombre passant à un «pic d’activité de 250 personnes» au plus fort de la production dans quelques mois.
«Playmobil nous a offert à peu près trois conteneurs de boîtes de jouets, dit-il. Ça permet à chacun des artistes de décorer son bureau avec ce qu’il veut, que ce soit les princesses, les chevaliers, les pirates ou autres. Le studio ressemble à un gros coffre à jouets en ce moment.»
Les jouets, plusieurs centaines de boîtes, ont été donnés par la firme afin de permettre aux animateurs de manipuler les figurines avec aisance pour pouvoir les animer au grand écran. «On a été vraiment gâtés! On a fait une journée pendant laquelle chacun a monté sa boîte de Playmobil. Chacun a choisi le Drakkar, le bateau de pirates, le château, etc. et on les a monté, on a posé les personnages et on a fait une journée de jeu en commun. C’était sympa et cela fait aussi partie de l’expérience du film que de se reconnecter avec ce que propose le jouet», raconte le producteur qui trouve «géniale» la «variété de tout ce qu’ils ont inventé».
Les animateurs ont également pu prendre quelques libertés visuelles avec les figurines du film. Pas de mouvements saccadés, des personnages plus articulés, un visuel moins «plastique» et une inspiration puisée chez les passionnés adultes. «Notre réalisateur est allé à la rencontre des fans en Europe et a fait quelques rencontres. C’est assez extraordinaire, car il y a des gens qui réinventent des choses qui n’existent pas chez Playmobil. Un admirateur a refait la grande armée de Napoléon pour la campagne de Russie, il a fait à peu près 10 000 soldats! On a affaire à des gens qui ont des imaginaires assez vastes! C’est justement ce qui nous a confortés dans l’idée du film, de voir à quel point ce jouet permet d’exprimer cette inventivité.»
Temps forts
«Playmobil: le film» est loin d’être terminé, mais Alexis Vonarb conserve déjà des souvenirs forts de certaines étapes de la production.
«La première fois où on voit l’animatique du film en groupe et qu’on comprend qu’on a enfin une histoire est toujours un moment important. C’est un métier où l’on tâtonne longtemps avant de trouver la meilleure façon de raconter son histoire, de trouver ses personnages. Quand tout cela se cristallise autour de la projection d’une animatique, on sent que là, on y est, même s’il reste encore énormément de travail. Ensuite, quand le casting est fait et qu’on entend, pour la première fois, la voix du personnage principal joué par un comédien. Tout d’un coup, l’épaisseur que prend le personnage du simple fait d’avoir monté les deux ou trois répliques enregistrées, ça fait une énorme différence et ça rend tout de suite le personnage absolument attachant.»
Et il attend avec passion, confiance et enthousiasme les autres temps marquants, comme la musique, Heitor Pereira est d’ailleurs passé dans les studios au printemps avec sa guitare pour jouer des notes de la trame sonore à l’ensemble de l’équipe, un moment «rare» pour le producteur.
«Playmobil: le film» devrait arriver sur les écrans de la province en 2019.