La nouvelle loi qui oblige de recevoir et de donner des services publics à visage découvert risque de ne plus changer grand-chose pour les universités et sociétés de transport, maintenant que la ministre de la Justice Stéphanie Vallée est revenue sur ses explications.
Bien qu’ils étudient toujours la nouvelle loi 62, le Réseau de transport de Longueuil et la Société de transport de Laval indiquent qu’ils avaient déjà des règlements qui exigent aux détenteurs d’une carte à tarif réduit avec photo de bien s’identifier.
«Les directives qu’a données la ministre ne changent pas grand-chose dans la mesure où elles confirment ce qu’on applique déjà», a noté le directeur des communications à la Société de transport de Laval (STL), Daniel Boismenu.
Par voie électronique, la Société de transport de Montréal a, quant à elle, indiqué qu’elle analyse «les différents cas de figure possibles en lien avec l’applicabilité de cette loi» à la suite des précisions effectuées par Mme Vallée mardi matin.
Statu quo dans les universités
La loi sur la neutralité religieuse stipule que les cours et les examens doivent être donnés et reçus à visage découvert en classe.
L’Université McGill estime que cette nouvelle loi n’aura pas d’incidence sur ses politiques et pratique.
«L’Université McGill a l’obligation d’accommoder les différences religieuses et nous continuerons de les accommoder», a indiqué le porte-parole de l’établissement, Justin Dupuis.
De son côté, l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal préfèrent attendre avant de commenter.
Une loi «raciste»
Selon la porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Fridoline Bédard, cette nouvelle loi est «fondamentalement sexiste et raciste» et vise «directement» les femmes musulmanes.
Fatima Ahmad, une étudiante à l’Université McGill qui porte le niqab, a également dénoncé cette loi. «Personne ne devrait dire aux femmes ce qu’elles doivent ou ne doivent pas porter», a-t-elle soutenu.
Le maire persiste
Alors que la ministre de la Justice envisage de recourir à l’injonction si les municipalités refusent de collaborer, le maire de Montréal, Denis Coderre, a rappelé mardi qu’il ne comptait pas appliquer une loi «qui stigmatise les femmes». «En autant que je sois concerné, j’ai l’impression qu’il va y avoir une contestation devant les tribunaux et on verra la suite», a-t-il affirmé.
-Avec la collaboration de Charles Lecavalier, Nicholas De Rosa et Laurence Houde-Roy.