Le gouvernement canadien a fait pression sur Bombardier pour que l'avionneur québécois cède son programme C Series à Airbus, a rapporté l'Agence Reuters mercredi.
Selon cinq sources qui se sont confiées à Reuters, cette manœuvre d'Ottawa aurait convaincu Bombardier de faire affaire avec l'entreprise européenne, plutôt que de se tourner vers des investisseurs chinois. Des négociations en ce sens avaient déjà été entreprises en 2015 après l'échec de négociations entre Airbus et Bombardier.
«Du point de vue du gouvernement fédéral, il valait mieux tout plutôt qu‘une alliance avec la Chine», a expliqué l'une des sources de Reuters.
Le gouvernement de Justin Trudeau aurait incité Bombardier à entreprendre de nouveaux pourparlers avec Airbus après que des négociations entre l'entreprise montréalaise et Boeing eurent échoué. Les ministres de l'Innovation Navdeep Bains et du Commerce François-Phillippe Champagne seraient notamment entrés en contact avec Bombardier.
Airbus et Bombardier ont annoncé il y a un peu moins de deux semaines que l'avionneur européen prenait le contrôle de 50,01 % de la Société en commandite Avions C Series à coût nul. L'entreprise a promis de conserver les emplois et le siège social liés au programme à Montréal, tout en indiquant avoir l'intention d'ouvrir une usine aux États-Unis pour y assembler des CS100 et CS300 destinés au marché américain.
Bombardier se trouvait en position précaire depuis l'imposition par le département du Commerce américain de droits compensatoires et antidumping préliminaires de 300 % sur les avions C Series. Cette décision faisait suite à une plainte de Boeing alléguant que Bombardier avait vendu sous le prix coûtant des appareils à Delta Airlines grâce à des subventions reçues des différents paliers de gouvernement.
L'arrivée d'Airbus dans le décor avait été présentée comme une bouée de sauvetage par Québec et Ottawa, tandis que le président-directeur général de Bombardier, Alain Bellemare, avait présenté Airbus comme un «partenaire parfait pour nous».