«Pour moi, c’est trop», affirme une femme qui porte le niqab et se sent «toute nue» si elle a le visage découvert trop longtemps devant des inconnus, au point où elle songe à déménager.
«Ça commence à m’inquiéter», avoue Umm Layth, 26 ans, une mère de trois enfants qui porte le niqab depuis six ans. Née à Laval d’une mère italienne et d’un père français, elle s’est convertie à l’islam en 2009.
«Me découvrir le visage pour m’identifier, je n’ai aucun problème avec ça. Je le fais déjà, c’est presque un automatisme, que ce soit à la banque ou n’importe où», explique-t-elle.
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Mais là où la loi 62 lui pose problème, c’est si elle doit laisser son visage à découvert pendant une longue période, comme lors d’une consultation médicale.
«Disons que je ne ferai pas de scandale [...] Je n’aurais pas le choix de m’y plier avec un énorme inconfort. J’aurais probablement le tic de me mettre les mains au visage.»
Pas de retour aux études
Elle souhaiterait un jour terminer ses études collégiales pour ensuite étudier en traduction, théologie ou histoire à l’université. «Mais ça devra être mis sur la glace si je ne peux pas assister aux cours avec mon visage couvert», déplore-t-elle.
«[Mon mari et moi], on a déjà envisagé de changer de province si ça devenait trop contraignant.»
Avant même l’adoption de la loi, elle avait cessé de prendre l’autobus, fatiguée des insultes lancées par des inconnus.
Aussi, un fonctionnaire l’a déjà obligée à garder son visage découvert pour toute la durée d’une rencontre lors d’un renouvellement de sa carte d’assurance maladie. «Je me sentais toute nue», avoue-t-elle.