Le partenariat entre la Fromagerie Bergeron et le Groupe Bel, pour la production du fromage La Vache qui rit, a permis, depuis dix ans, de consolider une soixantaine d’emplois directs dans la région de Québec.
Ce secret bien gardé a été révélé au grand jour à l’occasion du 10e anniversaire du partenariat unissant cette entreprise locale à la multinationale qui rejoint près de 400 millions de consommateurs dans le monde avec des marques comme La Vache qui rit, Mini Babybel, Boursin, Kiri, etc.
En 2007, le groupe français a choisi de transférer la production du célèbre fromage à Lévis, dans une usine de la Fromagerie Bergeron.
«On est responsables de la production pour l’ensemble du marché canadien. On part de leur cahier de charges qui est très complet au niveau du contrôle de la qualité, de la texture, de la saveur. Il faut arriver à un niveau qui répond à leurs standards», a fait part, vendredi dernier, Roger Bergeron, directeur général.
Plus de 20 millions de litres de lait provenant de fermes québécoises sont transformés en fromage La Vache qui rit, ce qui représente environ 14 camions-citernes par semaine.
Avant de transférer la production au Canada, La Vache qui rit était importé de France.
«C’est arrivé par pur hasard. Au début, on était très intimidés de faire une association avec un gros joueur», a relaté M. Bergeron.
Le Groupe Bel possède près de 25 sites de production à travers le monde de cette marque de fromage, qui est consommée par une famille sur trois au Québec.
Depuis dix ans, la présidente de Fromageries Bel Canada, Catherine Thomas, soutient que la production de La Vache qui rit a quadruplé au pays.
«C’est bien au-delà de ce qu’on imaginait. C’est une très belle réussite», a affirmé Mme Thomas.
Le défi des quotas
Outre son usine de Lévis, qui est dédiée à cette marque, la Fromagerie Bergeron possède aussi des installations à Saint-Antoine-de-Tilly, où elle produit ses goudas. L’entreprise de troisième génération, qui a été fondée en 1989, a confiance en l’avenir, malgré les nombreux défis que traverse cette industrie.
«Notre rêve, à mon frère et à moi, c’est d’être capables de passer l’entreprise à nos enfants. Il va falloir qu’on trouve notre place avec des produits du futur. On travaille fort sur cela», a ajouté M. Bergeron.
Les quotas d’importation sur les fromages européens représentent un défi, ajoute-t-il. Les fromagers auraient souhaité avoir plus que la moitié des quotas qu’ils devront partager à parts égales avec les chaînes d’alimentation, étant donné qu’ils risquent d’être les plus impactés par cet accord de libre-échange.
Moderniser la gestion de l’offre
Selon M. Bergeron, il serait possible, sur une période de « 15 à 20 ans », de moderniser le système de gestion de l’offre pour le rendre plus compétitif, notamment au niveau du prix du lait.
«Il y a des bons principes dans la gestion de l’offre. D’avoir un revenu garanti pour nos producteurs, cela leur permet de faire du développement en région. Il ne faut pas oublier que chaque producteur est une petite PME.»
Le partenariat avec le Groupe Bel pourrait un jour ouvrir des portes pour la Fromagerie Bergeron.
«Mais, pour l’instant, avec le prix du lait, il serait difficile d’avoir un produit exportable en Europe. Quand je dis améliorer la gestion de l’offre, c’est amener le prix du lait à un niveau plus compétitif à l’échelle internationale. Pour l’instant, le contexte n’est pas favorable, car l’écart est trop grand. Si un jour, l’écart diminue, cela pourrait être des options à envisager», a-t-il conclu.