Le chauffeur de train Tom Harding s’est confié à un taxi sur le mauvais état de sa locomotive avant que celle-ci ne dévale une pente et explose à Lac-Mégantic.
Le 5 juillet 2013 en soirée, Tom Harding a garé son convoi de pétrole à Nantes en Estrie. Il y avait beaucoup d’huile qui s’échappait de la locomotive de tête et un nuage de boucane était visible, ce qui a inquiété le chauffeur de taxi André Turcotte, qui était venu le chercher. La fuite d’huile était à ce point importante que le pare-brise du taxi est devenu huileux et que M. Turcotte s’est inquiété que la route devienne glissante.
Lorsque Harding est embarqué dans le taxi qui devait le ramener à l’auberge où il dormait, il était couvert de picots d’huile et M. Turcotte s’est mis à le questionner.
«La compagnie m’a dit de laisser rouler l’engin. Si le niveau d’huile devient trop bas, l’engin va arrêter. Je devrais peut-être appeler du côté américain, car ils sont plus pesants. Peut-être qu’ils me diraient de fermer l’engin», lui aurait dit Tom Harding d’un ton calme, comme à son habitude.
M. Harding subit actuellement son procès à Sherbrooke. Il est accusé avec deux autres ex-employés de la MMA Jean Demaitre et Richard Labrie de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes lorsque le train a explosé dans la nuit du 5 au 6 juillet à Lac-Mégantic.
Selon le témoignage d'André Turcotte, Tom Harding lui aurait dit avoir informé ses patrons des problèmes mécaniques de la locomotive.
«Il m’a dit qu’il y avait un engin qui travaillait fort sur le chemin et que la compagnie lui a dit de se rendre pareil», a-t-il rapporté, mardi.
Durant le trajet, M. Turcotte, qui est un ancien policier de la SQ, a questionné son client sur les risques que sa locomotive défectueuse pourrait causer à l’environnement.
«M. Demaître est parent avec des gens de l’environnement. On se fait jamais "checker" les locomotives, fuck all», lui aurait confié Harding.
Lorsqu’il a déposé M. Harding à l’auberge où il passait la nuit, M. Turcotte lui a offert de revenir le chercher si jamais il devait retourner au train. L’accusé ne l’a jamais appelé.
Incendie
Vers 23 h 25, Claude Vallée circulait vers Nantes lorsqu’il a vu la locomotive de tête d’un train de pétrole en feu en bordure de la route 161. Des flammes d’environ six pieds de hauteur sortaient de la cheminée. L’automobiliste a crié, mais personne ne lui répondait.
«Le moteur fonctionnait. Il y avait des «push» comme si de l’air s’échappait», a-t-il relaté aux membres du jury.
Il a appelé le 911 et il a filmé l’incendie, dont les vidéos ont été présentées au tribunal, jusqu’à l’arrivée des pompiers.
«On nous a demandé de quitter les lieux parce que ça pouvait être dangereux», a-t-il témoigné.