Si très peu de permis de travail ont été distribués aux nombreux demandeurs d’asile arrivés au Québec depuis cet été, c’est entre autres parce que ces derniers n’en ont pas fait la demande, a laissé entendre le ministre fédéral de l’Immigration mercredi.
Le ministre Ahmed Hussen a nié à plusieurs reprises que la lenteur du processus était à blâmer pour le faible nombre de permis émis. «Nous avons encouragé les gens à appliquer pour un permis, nous ne voulons pas qu’ils se fient aux programmes sociaux», s’est-il contenté de dire. Ni lui ni le ministère n'ont pu dire combien de demandeurs d’asile avaient fait des démarches pour obtenir un permis de travail.
M. Hussen a toutefois précisé que le ministère est prêt à traiter les demandes, que les ressources étaient disponibles et que les temps d’attente avaient été drastiquement réduits. «Nous avons écouté les demandes de Québec et nous avons grandement accéléré le processus. Le délai est maintenant de deux semaines», s’est défendu le ministre.
Le «Journal de Montréal» révélait mercredi matin que 330 permis de travail ont été accordés aux 10 246 demandeurs d’asile depuis juillet, une proportion de seulement 3 %.
La grande majorité de ces immigrants sont des Haïtiens qui ont fui les États-Unis après que le président Donald Trump eut menacé de ne pas renouveler leur visa.
En septembre, le délai de traitement pour une demande en ligne était de 84 jours, alors qu’il était de 105 jours pour une demande papier.
Les partis d’opposition s’expliquent mal pourquoi le gouvernement n’arrive pas à mettre davantage de permis de travail dans les mains des migrants.
«C’était prévisible, et ça va juste s’amplifier avec le temps, a critiqué le député conservateur Alain Rayes. Pendant ce temps-là, on n’arrive pas à régler les dossiers de nos autres immigrants qui suivent le parcours régulier. Ça crée beaucoup d’insatisfactions chez nos employeurs qui n’ont pas accès à une main-d’œuvre qui répond aux compétences qu’ils recherchent.»
Jugeant la situation inacceptable, le Bloc québécois propose de fournir un permis de travail aux demandeurs d’asile à leur arrivée afin de favoriser leur intégration et leur autonomie.
«On ne comprend pas pourquoi c’est aussi lent. Les permis pourraient être donnés par les agents d’immigration en même temps qu’ils procèdent aux tests de sécurité. Ça prend un coup de barre dans ce dossier-là», a lancé le député montréalais Mario Beaulieu.
- Avec la collaboration de Patrick Bellerose