Hydro-Québec n’a toujours pas fini de nettoyer des centaines de sites pollués dans les années 1970 et 1980, dont un dépotoir contenant plus de 2000 barils de combustible.
« Nous avons retrouvé 2000 barils enterrés ainsi qu’une ancienne cimenterie. Toute la structure avec les poutres d’acier a été enfouie sur place », indique Steve Shooner, expert en environnement chez Hydro-Québec pour la région de la Baie-James, en entrevue avec Le Journal.
Ce site, situé aux abords de l’immense réservoir Caniapiscau, est l’un des nombreux emplacements « oubliés » lors de la construction des projets hydroélectriques de la Baie-James. « Ce qu’on a le plus excavé, ce sont des barils. On enterrait les barils de carburant après les avoir vidés, à l’époque », explique celui qui gère l’opération de grand nettoyage de la société d’État, qui se fait en partenariat avec le gouvernement de la nation crie. Près de 800 lieux doivent toujours être nettoyés et Hydro-Québec a dépensé 12 millions $ jusqu’ici.
Degrés de contamination
Certains sites pollués sont considérés comme mineurs et ne contiennent que « quelques débris de métaux et un ou deux barils ». D’autres, comme celui du lac Pau, ont besoin d’une décontamination en profondeur. Les travaux peuvent s’échelonner sur plusieurs années.
Il y en avait 1800 lorsque les opérations ont débuté en 1998. Depuis, 1500 ont été nettoyés, alors que durant la même période 500 nouvelles zones problématiques ont été décelées, souvent grâce aux maîtres de trappe cris, qui signalent leurs découvertes à Hydro-Québec.
Normes du temps
La société d’État se défend d’avoir mal agi. Les entrepreneurs de l’époque, qui ont participé à la construction des barrages et des réservoirs de l’immense complexe hydroélectrique, ont travaillé selon les normes environnementales du temps, soutient le chef des affaires publiques de HQ Serge Abergel.
« Ce n’était pas de la négligence. Ce n’est pas quelqu’un qui “dompait” un paquet de poubelles dans la nature. C’était les standards de l’époque », note M. Abergel.
Un indicateur : l’érection de la centrale Eastmain 1-A, inaugurée en 2012, n’a généré aucun nouveau site. « Les caches de carburant étaient identifiées et devaient être nettoyées lors de leur fermeture. Tout a été fait à mesure », indique M. Shooner.
Le nombre très élevé de sites s’explique par l’ampleur des opérations et l’immensité du territoire. Hydro-Québec a aussi fait la recension d’une grande quantité de « sites orphelins ». « Ça peut être des campements de prospecteurs miniers, des sites d’entreprises minières ou même d’anciens campements du ministère des Ressources naturelles », a affirmé M. Shooner.
Dans le dernier budget, le gouvernement du Québec a débloqué 620 M$ pour nettoyer des sites miniers abandonnés d’ici 2022. Le ministre a d’ailleurs récupéré la liste d’Hydro-Québec pour préparer ses travaux.